une action vitale qui nous est inconnue.
La propriété que la plante a, comme l’animal, de s’approprier les principes nutritifs, fait que l’air s’élabore dans les trachées : les parties qui sont nécessaires à son entretien s’en séparent, se réunissent à la masse totale ; les parties aqueuses, huileuses & salines se précipitent, pénètrent les fibres ligneuses & les autres vaisseaux, & vont former les parties solides & les différens sucs. L’air fixe devient partie constituante & vraie nourriture, tandis que l’air déphlogistiqué, dépouillé du phlogistique auquel il étoit uni par sa combinaison avec l’air fixe, & par là devenu inutile & même nuisible à la longue, est forcé, par l’action vitale de la végétation, de s’échapper par les feuilles, les tiges vertes & les autres parties des plantes. Cette théorie nouvelle de la décomposition de l’air dans les plantes a besoin de preuves : nous allons tâcher de les fournir.
Il est de fait que l’air fixe peut devenir véritablement la nourriture des végétaux. Priestley, le chevalier Pringle & tous les savans qui ont fait des expériences relatives à cet objet, assurent que l’air fixe rend la végétation d’une plante plus vigoureuse, & que renfermée dans un air devenu mal sain par la flamme d’une chandelle, la vapeur du charbon, les exhalaisons de certaines substances en effervescence, ou en fermentation, en un mot, dans un air si mortel qu’un animal y expiroit au bout de quelques secondes, elle rend bientôt à cette masse d’air sa pureté & sa salubrité primitive. M. Percival a été plus loin encore, en assurant que le vrai pabulum des végétaux est l’air fixe. Cette assertion est sans doute trop générale, & nous ne pouvons croire que la terre soluble, l’eau & les sels ne soient pas aussi des parties nutritives des plantes ; mais l’air fixe seul peut les faire vivre quelque tems, indépendamment de ces autres principes. Toutes les parties de la plante sont en état de pomper cette espèce d’air, & toutes l’absorbent en très-grande quantité. Des racines, des tiges, des feuilles, des fleurs même, renfermées dans une masse d’air extrêmement putride, y ont végété plus long-tems que dans l’air commun, & beaucoup plus que dans l’air déphlogistiqué. Bien plus, des plantes renfermées dans cette dernière espèce s’y fanent très-vite, & n’y vivent que très-peu de tems. D’où peut venir cette différence, si ce n’est que l’air fixe contient un principe (peut-être le phlogistique) qui devient partie nourrissante & constituante du végétal tandis que l’air déphlogistiqué, par cela même qu’il est déphlogistiqué, est incapable de le nourrir ?
Si une plante environnée d’air commun ou d’air fixe, a la propriété de rendre le premier plus sain, & de purifier le second, à plus forte raison doit-elle avoir cette propriété & cette même action sur la masse d’air qu’elle renferme dans son sein. Elle le décompose réellement en s’appropriant un de ses principes, tandis qu’elle abandonne l’autre. L’air déphlogistiqué, séparé, pour ainsi dire, de sa base, s’échappe insensiblement par la trans-