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de recevoir les nouveaux sucs qui leur arrivent. C’étoit le sentiment de Malpighy : tout paroît en démontrer la vérité, surtout le méchanisme de la transpiration.

On sait qu’une assez grande quantité de sang étant portée par autant d’artères qu’il y a de glandes cutanées, comme Malpighy & Ruisch l’ont découvert, est rapportée en partie par autant de petites veines, & que, passant par les porosités de ces glandules, il s’en filtre une sérosité qui, sortant par le vaisseau excrétoire ou le pore qui y aboutit, fait la matière de la sueur. Tel est le méchanisme de la transpiration insensible ; un plus grand degré de chaleur augmente la circulation du sang, & la sécrétion de la sueur devient alors plus sensible par des gouttes plus ou moins grosses, adhérentes à la peau. Dans les plantes, le mouvement alternatif de raréfaction & de condensation de l’air des trachées, supplée au défaut d’une vraie circulation. Si la chaleur extérieure augmente, l’air intérieur se dilate davantage, presse par conséquent plus fortement contre les fibres voisines & les vaisseaux lymphatiques. Les fluides qui y sont contenus s’en échappent nécessairement en plus grande quantité ; aussi voyons-nous que la transpiration des plantes est infiniment plus abondante en été qu’en hiver, le jour que la nuit. Si le froid & l’humidité la diminuent & la suppriment entiérement, ne faut-il pas l’attribuer naturellement à la condensation de l’air dans les trachées, au resserrement de ces vaisseaux, & à l’élargissement proportionnel de ceux qui les avoisinent ? De plus, il est constant que les plantes imbibent plus l’humidité de l’air dans la nuit que dans le jour, dans les nuits froides que dans les nuits chaudes, parce que l’air condensé occupe moins de place & n’occasionne pas l’engorgement des vaisseaux excrétoires. Ce n’est pas la transpiration insensible seule qu’on peut attribuer au mouvement de l’air atmosphérique intérieur ; toutes les autres sécrétions paroissent de même en dépendre beaucoup, telles que la manne, les résines, les gommes qui en général coulent en plus grande abondance dans les temps chauds que dans les temps humides, quoique la chaleur ne les affecte guère, sur-tout les gommes, lorsqu’elles sont détachées de l’arbre. L’air atmosphérique joue donc un très-grand rôle dans les plantes, & si son mouvement n’y est pas une vraie respiration, il y produit des effets bien analogues.

Qu’est-ce que l’air atmosphérique ? C’est un mixte, dont les principes sont l’air déphlogistiqué ou l’air le plus pur & le plus propre à la respiration ; l’air fixe ou méphitique, & les vapeurs ou émanations qui s’élèvent du globe. Toutes ces substances se mêlent intimement, & leurs différentes proportions forment les différens degrés de bonté ou d’impureté de l’air. Cependant, ces principes ne sont pas combinés au point qu’ils ne puissent plus se séparer les uns des autres. Les animaux & les végétaux sont continuellement occupés à les diviser, à s’identifier les principes qui leur sont propres, & à rejeter ceux qui leur seroient dangereux ; les premiers par l’organe de la respiration, & les seconds par