pées à leur bord : les intérieures vont en se rétrécissant, & se terminent en pointe vers la partie supérieure de l’aile : les extérieures se rétrécissent dans le sens contraire de la partie supérieure de l’aile, vers le corps, du moins en beaucoup d’oiseaux : celles du milieu de l’aile ayant une barbe partout égale, ne sont guère coupées de biais ; de sorte que l’aile, soit étendue, soit resserrée, est toujours façonnée & taillée aussi exactement que si elle avoit été coupée avec des ciseaux. Mais pour revenir à la tissure même de cette barbe, dont nous avons entrepris l’examen, elle est composée de filets si artistement travaillés, entrelacés d’une manière si curieuse, que la vue n’en peut qu’exciter l’admiration, surtout lorsqu’on les regarde avec des microscopes. Cette barbe ne consiste pas dans une seule membrane continue ; car alors cette membrane étant une fois rompue, ne se remettroit en ordre qu’avec beaucoup de peine ; mais elle est composée de quantité de petites lames ou de filets minces & roides, qui tiennent un peu de la nature d’un petit tuyau de plume : vers la tige ou le tuyau, surtout dans les grosses plumes de l’aile, ces petites lames sont plus larges & creusées dans leur largeur en demi-cercle ; ce qui contribue beaucoup à leur force, & à serrer davantage ces lames les unes sur les autres, lorsque l’aile fait ses battemens sur l’air. Vers le bord ou la partie extérieure de la plume, ces lames deviennent très-minces, & se terminent presque en pointe ; en dessous elles sont minces & polies, mais en dessus, leur extrémité se divise en deux parties, garnies de petits poils, chaque côté ayant une différente sorte de poils : ces poils sont larges à leur base ; leur moitié supérieure est plus menue & barbue.
Il est constant que dans tous les oiseaux qui ont le plus d’occasion de voler, les ailes sont placées à l’endroit le plus propre à balancer le corps dans l’air, & à lui donner un mouvement progressif aussi rapide que les ailes & le corps sont capables d’en recevoir ; sans cela nous verrions les oiseaux chanceler à tous momens, & voler d’une manière inconstante & peu ferme, comme cela arrive lorsqu’on trouble l’équilibre de leurs corps, en coupant le bout d’une de leurs ailes, ou en suspendant un poids à une des extrémités du corps. Quant à ceux qui nagent & qui volent, les ailes, pour cet effet, sont attachées au corps, hors du centre de gravité ; & pour ceux qui se plongent plus souvent qu’ils ne volent, leurs jambes sont plus reculées vers le derrière, & leurs ailes sont plus avancées vers le devant du corps. La manière dont les plumes sont rangées dans chaque aile, est bien admirable ; elles sont placées dans un ordre qui s’accorde exactement avec la longueur & la force de chaque plume : les grosses servent d’appui aux moindres ; elles sont si bien bordées, couvertes & défendue par les plus petites, que l’air ne sauroit passer à travers ; par-là,