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tous les oiseaux, dont la demeure ordinaire est, pour ainsi dire, les airs, ont des ailes très-longues, qui se croisent souvent au dessus de la queue, & ont presque le triple de longueur du corps, lorsqu’elles sont développées.

Une observation intéressante, & qui annonce la sagacité admirable de la nature dans les plus petits détails, c’est la structure même des os que les oiseaux font agir en volant : les os du bras, les clavicules, les os de la poitrine, les vertèbres, les os des îles, & dans plusieurs espèces, les os de la cuisse, sont tout-à-fait creux, sans moelle, & reçoivent, dans leur cavité, par la respiration, l’air, qui par ce moyen les rend plus légers & plus capables de s’élever. Cette observation avoit d’abord été faite par Galilée, ensuite par Borelli, enfin par M. Camper, qui, ayant disséqué plusieurs oiseaux, a trouvé l’os du bras gauche d’une orfraie, celui d’une cicogne, d’un hibou, l’os du bras droit d’une poule, d’un dindon, percés d’un petit trou à la partie supérieure, par lequel il y avoit une communication réciproque avec la poitrine pour l’air. Dans les cuisses de l’orfraie, de la cicogne, du coq de bruyère, de l’aigle, &c, le trou aérien se trouve placé sous le trochanter. Les oiseaux qui volent peu n’ont que les os des ailes perforés ; ceux qui volent beaucoup & long-tems, ont de plus les os des cuisses creux & percés.

Les os des bras, ou des ailes des oiseaux, sont garnis de muscles extenseurs & fléchisseurs forts & vigoureux, à peu près les mêmes que ceux des autres animaux ; ils en diffèrent par la grandeur & la position. Les muscles pectoraux fléchisseurs de l’humérus de l’homme, sont petits & peu charnus ; à peine égalent-ils la cinquantième ou soixantième partie de tous les muscles : au contraire, les mêmes dans l’oiseau, non-seulement égalent, mais ils surpassent encore tous les autres muscles pris ensemble. D’après cela on peut déjà conclure quelle force prodigieuse il faut pour mouvoir les ailes. Dans l’homme, le muscle extenseur du bras est le grand pectoral, placé à la partie antérieure de la poitrine ; il prend son origine de la moitié de la clavicule, du côté qu’elle regarde le sternum, & de la partie latérale & moyenne de ce même os, des dernières côtes vraies & des premières fausses ; couvrant une partie du thorax, il va s’insérer par un tendon fort & court à la partie supérieure & antérieure de l’humérus, quatre doigts environ au dessous de sa tête, Dans l’oiseau, l’os sternum est vaste, dur & pesant, semblable à un bouclier ; il forme un angle saillant au milieu. C’est à cet angle, & aux deux côtés de cet os, que sont attachés les fibres des grands pectoraux de l’oiseau ; ces fibres se réunissent, forment un tendon charnu qui va s’attacher à la tête même de l’humérus, tandis que dans l’homme ce n’est qu’au dessous. Ainsi la distance de la direction des muscles pectoraux, au centre du mouvement de l’aile, est très-petite : égale au demi-diamètre de la tête de l’humérus, qui tourne dans le sinus de l’omoplate, elle est sept à huit fois moindre que la longueur de l’humérus, dix-huit fois moindre que