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refuser cet avantage, & ne les considère que comme des armes défensives dont la nature a revêtu certaines plantes, pour les mettre à couvert des attaques des animaux ; mais il nous semble que les aiguillons comme les épines doivent avoir un rapport plus direct à l’économie végétale ; peut-être sont-ils de vrais vaisseaux secrétoires. M. M.


AIGUILLON aux Bœufs. Morceau de bois armé d’une petite pointe de fer à son extrémité supérieure avec laquelle on pique & aiguillonne les bœufs, lorsqu’ils tirent la charrue. Cette baguette, grosse d’un pouce environ par le bas, & dont la grosseur diminue en proportion qu’elle approche de la pointe, est communément de six à dix pieds de longueur, suivant la charrue dont on se sert pour labourer. Si elle étoit aussi grosse dans le haut que dans le bas, elle pèseroit trop à la main du laboureur, & le fatigueroit. Les bœufs ont besoin d’être aiguillonnés de tems à autre pour les rappeller au travail & soutenir leur marche, sans quoi ils la ralentiroient presque au point de ne plus aller.



AIL. M. Tournefort place cette plante dans la section quatrième de la neuvième classe qui comprend les fleurs liliacées composées de six pétales, & dont le pistil devient le fruit ; & il la désigne sous la dénomination d’allium sativum, ainsi que M. le Chevalier Von Linné qui la place dans l’hexandrie monogynie.

Description & usages.

Fleur, liliacée ; six pétales oblongs, étroits, concaves, droits ; le calice est un spathe ovale qui s’ouvre pour laisser sortir plusieurs fleurs.

Fruit, petite capsule, large, à trois lobes, à trois loges, & qui renferme des semences sous-orbiculaires & noires.

Feuilles. Les feuilles sortent immédiatement de la bulbe : elles sont longues, applaties, terminées en pointe, sans nervures apparentes.

Racines, composées de plusieurs bulbes, recouvertes de tuniques fort minces & blanches ; ces bulbes sont improprement appelées gousses d’ail. Toutes les bulbes sont adhérentes par leur base, & poussent beaucoup de racines chevelues.

Port : la tige ou hampe s’élève du milieu de la bulbe à la hauteur d’un ou de deux pieds : elle est creuse, cylindrique, & couverte jusque vers le tiers de sa longueur par des feuilles disposées en manière de gaine ; les fleurs naissent au sommet en ombelle arrondie.

Lieu : elle est originaire de la Sicile, & on la cultive dans tous les jardins où elle est vivace : elle fleurit en Juin & en Juillet.

Propriétés. Son odeur particulière & forte, diffère de celle de tous les oignons ; les bulbes ont un goût âcre & même caustique : on la regarde comme maturative, antihystérique, diurétique, vermifuge ; elle excite la transpiration ; elle est estimée dans l’hydropisie de poitrine, dans l’ascite occasionnée par des boissons spiritueuses, dans l’asthme pituiteux, la toux catarrale, la diarrhée par foiblesse d’estomac ; dans les coliques occasionnées par les vers & les coliques venteuses. On la nomme communément la thériaque des pay-