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être : enfin, là où les charrois sont impraticables, le bois pourrit sur pied ou est abattu par le vent.

L’eau ne manque pas dans ces landes ; plusieurs ruisseaux les traversent ; Leyre, Bielba, la Molasse, &c. sont considérables. Derrière les dunes du bord de la mer, les étangs traversent toutes les landes du midi au nord, & communiquent presque tous les uns avec les autres. C’est donc à cette masse d’eau, à la qualité du terrain, qu’on doit attribuer l’infertilité de ces landes : elles ne seront productives, pour les moissons, qu’autant qu’elles auront été couvertes pendant un long espace de temps par des forêts de pins maritimes, par des chênes-lièges, dont le pied sera labouré, & nullement brouté par les moutons, les chèvres, &c.

Les romains avoient tracé un chemin à travers ces landes, qui commençoit à Dax & finissoit à Bordeaux : aujourd’hui on passe à travers les sables.

5o. Du Bassin de la Saintonge. L’embouchure de la Loire & de la Garonne sont ses confins, l’un au midi & l’autre au nord ; il comprend la Saintonge, l’Angoumois, le pays d’Aunis, & une portion du Poitou. De l’embouchure de la Loire, en tirant au sud-est, s’élèvent des monticules dont la hauteur augmente à mesure qu’elles approchent des montagnes du Limosin ; elles laissent sur la gauche, Mauléon, Thouars, Poitiers, Confolent, Limoges. De Limoges part un embranchement qui passe à Rochechouart, Angoulême, Barbezieux, & vient se perdre à l’embouchure de la petite rivière de Seudre : la mer garnit toute la partie d’ouest ; sa principale rivière est la Charente, navigable depuis Angoulême jusqu’à Rochefort, & qui le sera jusqu’à Civrai en Poitou, si les travaux commencés sont continués ; les autres petites rivières sont, la Vie, le Lay, la Sèvre, la Boutonne, le Bandiat, qui perd ses eaux sous terre, pour former ensuite la Touvre, enfin le Sévigné & la Seudre. Si on excepte la partie qui avoisine le Limosin, on ne rencontre par-tout que des côteaux renforcés, dont les couches sont de pierres calcaires, &, en général, elles se lèvent par feuillets d’un à plusieurs pouces d’épaisseur.

Comme la Charente est la seule grande rivière, les autres forment de petits bassins particuliers : toutes ces eaux ont un cours lent & paisible ; leur dépôt est un limon fertile ; il sert d’engrais à tous leurs bords, entretient des prairies immenses : le terroir en est très-productif, le grain y donne de belles récoltes, le maïs y est cultivé en grand, les noyers y sont de la plus grande force, & ils n’acquièrent jamais cette force que dans les terrains gras & fertiles. Outre ces productions, il en est une qui équivaut à toutes les autres, c’est celle du vin, non par sa qualité comme vin, mais par son excellence pour l’eau-de-vie ; c’est la meilleure eau-de-vie connue, & nulle ne peut encore lui être comparée.

6o. Du Bassin de la Bretagne. Il comprend la Bretagne proprement dite, & une partie de la Normandie ; il se divise en plusieurs petits bassins particuliers. Au midi & à l’embouchure de la Loire, au dessous de Nantes, s’élève une chaîne