Basse-Provence & au-dessous de Senez, de Riez, est un autre embranchement des Alpes, dont on a déjà parlé en décrivant le bassin du Rhône, & qui va se terminer à la mer, en laissant Arles sur la gauche. Ce bassin a peu de rivières, & elles fournissent un petit volume d’eau. La Veaune, le Gapeau, l’Argens & le Var sont les seules un peu remarquables : aussi le pays est-il très-sec, abstraction faite de sa position méridionale. Il y a peu de terrain en France aussi coupé par des montagnes & des côteaux renforcés, que celui de cette partie, & même ces montagnes ne conservent pas entr’elles cette espèce de régularité qu’on observe ailleurs. Cette irrégularité seroit-elle la suite des tremblemens de terre occasionnés par les irruptions des volcans ? Il y a tout lieu de le présumer. On découvre visiblement leurs antiques vestiges dans les vaux d’Olioulles, dans les montagnes de Toulon, sur celles de l’Estérelle, &c. C’est à ces irrégularités, à leurs abris, que l’oranger, le citronier & quelques palmiers doivent leur naturalisation dans cette province ; on en peut dire autant des oliviers, des pistachiers & de beaucoup d’autres plantes & arbustes qu’on ne trouve que dans ces expositions très-chaudes. Les récoltes en grains sont médiocres, celles en vin prodigieuses & assurées, celle des amandes considérable, & quelquefois casuelle ; enfin, celle du lin, semée en Octobre & Novembre, & levée à la fin de Mars, est une ressource pour la Basse-Provence, qui ne peut cultiver le chanvre nécessaire à sa consommation. L’huile d’olive du territoire d’Aix est la meilleure huile connue ; sa supériorité est marquée sur toutes les huiles du monde entier : la nature du sol y contribue pour beaucoup ; le choix dans les espèces d’olives, & la manière d’en extraire l’huile, font le reste. La qualité n’est pas égale dans tout le territoire d’Aix. Les oliviers plantés dans le terrain gypseux, par exemple, de la montagne qu’on appelle Avignon, donnent une huile moins fine, moins délicate ; & il en est ainsi des vins de la Malgne, d’Eimez près de Toulon : le grain de terre les fait distinguer de tous ceux de cette côte, quoique les espèces de raisins y soient les mêmes. Les abris concourent beaucoup à leur qualité supérieure, ou plutôt, sans eux, ils en auroient très-peu.
2o. Du Bassin du Bas-Languedoc. Il est très-exactement circonscrit par la chaîne des montagnes qui commence à l’embouchure du Rhône, remonte à Nîmes ; de Nîmes à Ganges par le nord ; de Ganges redescend au midi par Lodève, Saint-Pons, Carcassonne, Limoux, Aleth, Mont-Louis dans le Roussillon ; enfin, la chaîne des Pyrénées dans la partie la plus méridionale. La mer limite toute la partie d’est.
Aucune rivière navigable n’enrichit ce bassin. L’Aude, qui prend sa source dans les hautes montagnes du Roussillon, forme un demi-cercle pour suivre la lisière du bassin du côté des montagnes, & finit par se diviser en deux branches, lorsqu’elle approche de la mer : l’une se jette dans l’étang de Vendres près de Béziers, & l’autre dans l’étang de Bages près de Nar-