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chaînes de hautes montagnes, divisées & sous-divisées en mille & mille vallons, offrent des prairies délicieuses dont l’herbe est fine, courte, aromatique.

Des troupeaux nombreux de bœufs, de vaches, de moutons, de chèvres, consomment ces pâturages pendant l’été, & fournissent ces énormes fromages connus sous le nom de vachelin, en Franche-Comté, & qui sont faits de la même manière que ceux de Gruyères. Chaque canton a les siens propres & particuliers, & tous sont excellens, parce que les pâturages sont élevés. Voilà les avantages généraux que chaque pays de ce bassin doit à sa position.

2o. Du Bassin de la Seine. La montagne de la ville de Langres sert de point de démarcation à trois bassins : à celui dont on vient de parler, à celui de la Meuse, & à celui de la Seine. Nous reviendrons à ce second après avoir parlé de quatre bassins principaux du royaume. Toutes les rivières de celui-ci partent du sud & sud-est, relativement à leur embouchure. Les variations des climats, des productions & des cultures, y sont moins frappantes & moins caractérisées que dans le précédent, parce que les chaînes de montagnes y sont moins élevées & vont toujours en diminuant, à mesure qu’elles accompagnent le cours des rivières ; & dans la partie basse de ce bassin, elles ne sont plus que des côteaux renforcés. Voilà pourquoi à Laon, à Rheims, on récolte du bon vin, quoique ces deux villes soient aussi Septentrionales que Rouen, le Havre, &c. où la vigne ne reçoit pas la chaleur suffisante pour la maturité de son fruit.

En partant de la chaîne qui couvre Autun, & tirant au nord jusqu’à Langres, les montagnes y sont hautes, & Langres est la ville la plus élevée de tout le royaume. De Langres, en continuant au nord, la chaîne se partage ; à droite, elle va gagner celle des montagnes de Lorraine ; & à gauche elle forme la partie orientale du bassin dont il s’agit. Elle passe par Chaumont en Bassigny, par Joinville, Bar-le-Duc, Rheims, Rhétel. À Guise, qui est la partie la plus septentrionale du bassin, elle se divise en quatre, & forme une espèce de croix : on vient d’en voir une partie. La seconde part du midi au nord, & gagne le Cambresis ; la troisième se dirige vers Calais ; & la quatrième, qui concourt à former le bassin dont nous parlons, correspond au Havre-de-Grace ; elle couvre Noyon, Beauvais, Caudebec, &c. En traversant la Seine, & revenant au midi, on trouve une autre chaîne de côteaux, qui va toujours en s’élevant jusqu’à Autun, point d’où l’on est parti. Pont-Audemer, Verneuil, Mortagne, Chartres, Pithiviers, Montargis, Château-Chinon, enfin Autun, sont dans ce trajet.

Ce second grand bassin doit être subdivisé en deux parties, à cause des embranchemens des montagnes. Si on tire une ligne presque droite de Laon à Nevers, en passant par Epernay, Sezanne, Sens, Joigny, Auxerre, il sera facile de reconnoître ces embranchemens. C’est par le secours de ces abris que ces climats fournissent des vins déli-