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de froid habituel du climat, la nature des productions, & les moyens pour cultiver, ont fini par fixer les méthodes de culture dans nos différentes contrées.

La communication qui s’est établie insensiblement, par le commerce réciproque des produits, a transplanté encore certaine culture d’une province à l’autre. Si on rencontre, dans une province, une espèce de culture qui lui soit particulière, & qu’ensuite on retrouve la même culture dans une province éloignée de la première, autant par la distance qui les sépare que par la position, on doit conclure que l’une a travaillé à l’imitation de l’autre, que c’est un vol heureux qu’elle lui a fait. Le safran va servir d’exemple.

Olivier de Serre publia, en 1600, son Théatre d’Agriculture ; & c’est un de nos plus anciens auteurs en ce genre. Il parle des pays où l’on cultive cette plante, & cite l’Allemagne, la Hongrie ; & pour la France, il se contente d’indiquer l’Albigeois. Les Alpes, les Pyrénées, les hautes montagnes d’Espagne & de Thrace, sont le pays natal du safran : il y végète de lui-même & le pays ne permet pas d’y établir une culture réglée. Si Olivier de Serre ne cite que l’Albigeois pour la France, & l’Albigeois avoisinant les Pyrénées, & ses habitans ayant toujours été d’ardens cultivateurs, il est donc naturel de conclure que la culture a passé successivement de cette province dans le comtat d’Avignon & en Provence ; enfin, en tirant du midi au nord, dans l’Angoumois, dans le Gatinois, en Normandie, en Angleterre, &c. La preuve la plus complette que le safran n’est pas une plante indigène dans ces provinces, se tire des soins que sa culture exige : il n’y subsiste que par le secours de l’art. Il en est ainsi du maïs, ou bled de turquie, ou gros millet : il a passé de l’Albigeois dans la Saintonge, dans l’Angoumois, &c. La pomme de terre ou truffe, venue originairement de la Pensilvanie en Irlande, a été successivement adoptée par la Bretagne, la Lorraine, l’Alsace, la Franche-Comté, le Lyonois, le Dauphiné ; & en 1766, on n’en cultivoit que fort peu aux environs de Paris. Dans l’Anjou, elle n’étoit mise en terre que pour nourrir les pourceaux. Il seroit facile de rapporter plusieurs exemples semblables ; mais ils nous écarteroient de notre objet actuel.


CHAPITRE II.

Des circonstances physiques.

La cause vraiment physique & toujours déterminante, est la position géographique du lieu : cet objet mérite une singulière attention. Il y a deux manières de considérer géographiquement l’agriculture du royaume : ou relativement aux grands bassins formés par le cours des rivières (la direction de leurs cours dépend de la chaîne des montagnes qui forment les bassins), ou en tirant des lignes parallèles de l’orient à l’occident du royaume. Ces deux manières de considérer l’agriculture présenteront des analogies & des singularités assez frappantes.


Section première.

Des Bassins.

On compte quatorze bassins ;