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ADOUCISSANT. Les adoucissans, à la tête desquels il faut placer l’eau tiède simple & l’eau chargée des parties mucilagineuses des plantes & des fruits, conviennent dans tous les cas où le sang desséché roule dans les vaisseaux en traits de feu, & porte le désordre jusqu’aux sources de la vie. Ces remèdes ne réussissent avantageusement que lorsque la quantité du sang a été diminuée par les saignées qui sont proportionnées à la force de la maladie, à l’âge, au tempéramment & au sexe du malade : quand la fièvre ne règne pas, on s’abstient de verser le sang : la sobriété, la diète, le repos & l’usage des adoucissans rétablissent la paix, l’ordre, &, par une suite nécessaire, la santé. (M. B.)

Les principaux adoucissans sont le lait, les huiles douces, & surtout l’huile d’amandes, lorsqu’elle n’est pas vieille. Il est rare d’en trouver de douce pendant les chaleurs de l’été, lorsqu’elle a plus d’un mois ou six semaines. Alors elle est rance, & produit un effet tout opposé à celui qu’on attendoit. Les émulsions d’amandes, de maïs ou bled de Turquie, d’avoine dépouillée de son écorce & mise en gruau, sont très-adoucissantes. Extérieurement appliquées sur la peau, la mie de pain de froment trempée dans l’eau, les feuilles de mauve cuites, celles de bette fraîches, &c., sont très-adoucissantes : assez, & même très-mal-à-propos se sert-on des beurres, graisses & huiles en application sur la peau, surtout s’il y a chaleur, inflammation, &c. Ces substances y rancissent promptement ; & loin d’adoucir & calmer l’inflammation, elles tendent à l’augmenter & à excorier la peau. Le meilleur & le plus simple de tous les remèdes est l’eau. Tenez des compresses à plusieurs doubles sur la partie, ou des serviettes mouillées ; ayez soin de les imbiber de tems en tems avec de nouvelle eau, & vous obtiendrez l’effet que vous desirez, & plus promptement que par tout autre moyen. Comme ce remède est simple, on le néglige, & on préfère les médicamens graisseux ou huileux, enfantés & conservés par la charlatanerie. Voilà l’homme !


ADRAGANT. ( Voyez Barbe de renard)


ADVENTICE. (Plante) C’est un mot nouveau que M. Roger-Schabol a introduit dans le jardinage. Il le prend du mot latin, qui veut dire advenir, qui advient, ou qui vient après coup, par surcroît, qui est sur-ajouté. On dit, plantes adventices, celles qui croissent sans avoir été semées. Les mauvaises herbes entr’autres sont des plantes adventices ; les bonnes, qui viennent, comme on dit, de Dieu grace, sont autant de plantes adventices.

On dit aussi racines adventices, celles qui sont formées après coup aux arbres, dont, suivant la routine meurtrière pour eux, comme pour toutes les plantes quelconques, les jardiniers peu instruits coupent toutes les racines ; ou dont ils les mutilent étrangement. Ils forcent la nature à en reproduire de nouvelles, qui jamais ne sont aussi franches que celles de la création primordiale. Respectez par conséquent les racines ; n’en abattez ni n’en récepez