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partie de son ovaire placée dans la partie supérieure du ventre, & près de la division qui se sépare du corcelet ; de sorte que l’estomac, les intestins & les autres viscères sont situés plus bas & plus en arrière. Cet ovaire est double ; une partie est à droite, l’autre est à gauche ; elles sont adhérentes & contiguës : les vaisseaux de chaque ovaire sont liés par les trachées qui les traversent, & leurs membranes très-minces laissent voir à travers, les œufs qu’ils contiennent. Chaque ovaire est divisé en plusieurs conduits ou oviductus, qui fournissent aux œufs qui sont dans leur intérieur, leur enveloppe & leur substance. Ces oviductus sont si déliés, leur nombre est si considérable, qu’on ne parvient qu’avec beaucoup de peine à en compter quelques-uns ; Swammerdam en a compté jusqu’à trois cents ; bien d’autres lui ont échappé, & dans chacun il a distingué seize à dix-sept œufs. Une mère-abeille a par conséquent au moins cinq mille cent œufs visibles, & de différentes grosseurs, comme il est évident si on multiplie le nombre des oviductus par celui des œufs qu’un seul contient.

Les extrémités des oviductus paroissent de petits fils très-déliés & courbés par le bout, garnis dans toute leur longueur de petits œufs d’une figure oblongue. Dans la partie la plus basse du ventre, l’ovaire se termine par deux conduits très-visibles, qu’on peut comparer aux deux cornes de la matrice qu’on observe dans les quadrupèdes : c’est dans ces deux conduits qu’aboutissent tous les oviductus, & qu’ils se déchargent des œufs qu’ils contenoient ; ils se dilatent peu-à-peu pour former un renflement globuleux, qui peut être regardé comme la matrice, où les œufs qui y sont déposés reçoivent quelque changement avant de sortir du corps de l’abeille. On trouve encore à l’extrémité du ventre une partie sphérique qui contient une liqueur visqueuse qui est conduite dans la matrice par deux petites cornes qui viennent y aboutir. Cette liqueur, dont les œufs sont enduits à leur passage dans la matrice, les fixe au fond de l’alvéole, où ils doivent être suspendus par un de leurs bouts.

Quoique M. de Réaumur ne doutât point du sexe de la reine-abeille, après les dissections anatomiques que Swammerdam en avoit faites, il fut cependant curieux de les répéter : tout ce que ses observations lui apprirent, se trouva parfaitement conforme à ce que l’observateur hollandois avoit remarqué. Il ne se contenta point de disséquer plusieurs femelles d’abeilles dans différentes saisons de l’année ; pour s’assurer de la vérité de leur sexe, il eut recours à un autre moyen, que n’avoit point tenté Swammerdam ; ce fut de mettre une reine sous un poudrier de verre avec un ou deux faux-bourdons ; l’empressement, l’ardeur indécente de cette femelle à les rechercher, la manière dont elle se comporta avec eux, le persuada qu’elle n’avoit jamais mérité les éloges que lui avoient prodigués les anciens naturalistes sur sa prétendue continence.