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lides des os est bien différent. Ces parties ne croissent pas par l’extension, mais par l’endurcissement des lames tendineuses qui les enveloppent : membraneuses dans le fœtus, elles ne deviennent solides & osseuses que par degré. Les os sont composés d’un nombre prodigieux de lames emboîtées les unes dans les autres, couchées suivant la longueur de l’os, & formées de différens faisceaux de fibres, composées elles-mêmes de la réunion d’un très-grand nombre de fibrilles. Le centre de l’os est occupé par la moelle, & les espaces que les lames laissent entr’elles, par une substance médullaire. De l’épaississement des lames résulte l’accroissement en largeur, & de leur prolongement naît l’accroissement en longueur. Toutes ces lames croissent & s’endurcissent les unes après les autres ; & chaque lame croît & s’endurcit successivement dans toute sa longueur. La partie de chaque lame qui croît & s’endurcit la première, est celle qui compose le milieu ou le corps de l’os. La lame qui croît & s’endurcit la première est la plus intérieure, ou celle qui environne immédiatement la moelle. Cette lame est recouverte d’une seconde lame qui, demeurant plus ductile ou plus membraneuse, s’étend davantage. Une troisième lame renferme celle-ci, qui, s’endurcissant encore plus tard, prend encore plus d’accroissement. Il en est de même d’une quatrième, d’une cinquième, &c. Toutes diminuant ainsi d’épaisseur, & s’écartant de l’axe de l’os, à mesure qu’elles approchent de ses extrémités, forment autant de petites colonnes renfermées les unes dans les autres, & qui augmentent de diamètre à leur extrémité : de là, la figure propre aux os longs. De l’assemblage des lames qui se sont endurcies pendant la première année, résulte la crue de l’os pour cette année. Cet os demeure encore recouvert d’un grand nombre de lames membraneuses ou tendineuses, qui portent le nom de périoste, & qui s’étendant & s’endurcissant peu à peu, augmenteront l’os en tout sens. L’os une fois formé ne s’étend plus : ainsi semble-t-il réunir les deux genres d’accroissement par intus-susception & par juxta-position ; ainsi paroît-il se rapprocher de la manière dont les plantes & les arbres croissent & se durcissent.


§. III. Manière dont l’Accroissement se fait dans le Végétal.

En lisant la formation & l’accroissement des os, on croit lire celle d’une plante. En effet, elle ne croît que par le développement, ou l’extension graduelle de ses parties en longueur & en largeur. Cette extension est suivie d’un certain degré d’endurcissement dans les fibres ; elle diminue à mesure que l’endurcissement augmente ; elle cesse lorsque les fibres se sont endurcies au point de ne plus céder à la force qui tend à agrandir leur maille.

Une lame horizontale d’une plante offre au microscope un réseau composé d’une infinité de mailles. Le mouvement ascendant & descendant de la séve & des autres fluides, force ces mailles à s’écarter les unes des autres, & à s’entr’ouvrir ; il se dépose dans ce nouveau vuide une molécule qui empêche le rapprochement, & cette addition succes-