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point d’appui aux vaisseaux, tandis que ces derniers, ou se multiplient en nombre, ou se développent de plus en plus.

Comme il n’est pas d’instans dans la vie où il ne circule dans l’être organisé vivant, un fluide qui porte l’entretien, la réparation & la conservation dans tout le systême, il n’est pas aussi d’instans où il ne se fasse un changement ; mais ce changement n’est pas toujours un accroissement réel. Après être parvenu à son terme d’accroissement parfait, il s’entretient dans cet état jusqu’à ce que le même principe qui l’avoit fait monter insensiblement de degré en degré, d’acquisition en acquisition, le précipite assez rapidement vers le dépérissement & la mort. Au contraire, l’être inorganisé qui n’a point de vie, & qui n’augmente que par juxta-position, peut grossir & diminuer successivement tant que les circonstances de sa position changeront.


§. II. Manière dont l’Accroissement se fait dans l’Animal.

Il n’est point dans la nature de phénomène plus merveilleux, il n’est point de spectacle plus intéressant & d’énigme plus difficile à résoudre, que celle de l’accroissement, soit dans le règne animal, soit dans le règne végétal : l’un & l’autre, fondés sur le développement des parties existantes & l’assimilation des nouvelles, suivent une marche insensible, mais toujours progressive. Le fœtus, qui n’est à l’instant de la conception qu’une goutte de liqueur assez limpide, se nourrit, s’étend, & offre bientôt en miniature toutes les parties essentielles au corps. Le cœur est ce qu’on apperçoit le premier dans le germe. C’est un point vivant dont le mouvement perpétuel fixe agréablement l’attention de l’observateur. On le reconnoît à ses contractions & ses dilatations alternatives. Nu & placé à l’extérieur du corps, il n’a pas encore sa forme pyramidale ; c’est une espèce de demi-anneau, autour duquel tous les autres viscères, apparoissant successivement, viennent se ranger les uns après les autres. D’abord tout est transparent, ou à-peu-près. L’animal, presque fluide dans ces premiers commencemens, prend par degré la consistance d’une gelée : insensiblement, les viscères, les vaisseaux, les tégumens se fortifient, prennent de la couleur, s’arrangent dans la situation qui leur est propre, se développent, & l’animal est reconnoissable.

Le cœur, mis en mouvement le premier, communique son action aux vaisseaux qui l’avoisinent, & y chasse les premières gouttes de liqueur qui doivent y circuler. Tout étant encore dans un état de mollesse & de souplesse, & le corps ayant fort peu d’étendue, le cœur agit avec plus de force & de fréquence, les vaisseaux résistent moins ; ils se dilatent & s’alongent. Les fluides, portés partout, réparent les pertes d’autant plus grandes que les parties sont plus molles ; en conséquence le corps doit d’autant plus croître, qu’il est plus près de sa naissance : aussi le fœtus croît-il plus dans le sein de la mère, proportion gardée, que lorsqu’il a vu la lumière. Une observation bien remarquable, c’est que le fœtus croît toujours de plus en plus, jusqu’au