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quel elles mettent quelques cuillerées de bon vin du Rhin, & se purgent trois ou quatre fois avec la rhubarbe en poudre. Nous ne blâmons point cette méthode, & nous la blâmerions en vain ; ses succès constans font son éloge : mais qu’on trouve le secret de rendre nos françoises aussi vigoureuses que les russes, nous conseillerons, & nous vanterons même les avantages de cette méthode sur la nôtre.

5o. La fièvre miliaire.

Cette fièvre paroît presque en même tems que la fièvre de lait, dont elle n’est, à vrai dire, qu’une dégénérescence ; dégénérescence encore, & nous ne cessons pas de le répéter, due à l’abus des remèdes chauds. Dans cette fièvre, tout le corps est couvert de petites pustules fines & serrées : il y a toux, & quelquefois sécheresse très-grande à la poitrine.

Le traitement humectant & doux, légérement sudorifique, est celui qui convient : les huileux, mêlés avec les sirops de guimauve à petite cuillerée, adoucissent la toux ; les remèdes chauds font dégénérer l’éruption qui souvent rentre, se porte à la tête, & donne naissance au transport, ou à la poitrine dans laquelle elle cause de grands ravages : il ne reste, dans ces situations malheureuses, d’autres moyens que les vésicatoires bien larges aux jambes ; & souvent ce remède puissant reste sans efficacité, parce que le désordre est porté à un tel degré, que toutes les ressources de l’art se taisent. M. B.


ACCOUCHEUSE. (Voyez Sage-Femme)


ACCOUPLEMENT. Ce mot exprime, en parlant des animaux, la conjonction du mâle & de la femelle pour la génération. En agriculture, on l’applique plus particulièrement à l’assemblage de deux animaux, comme de deux bœufs, attachés sous le même joug. Il y a pour eux, deux sortes d’accouplemens. Dans certains pays, on les attache au joug par les cornes ; & dans d’autres, on leur met au col un collier. Lequel de ces deux accouplemens vaut le mieux ? il est difficile de prononcer. Dans la majeure partie du royaume, on se sert du joug ; & l’on dit que le levier étant plus long, l’animal a plus de force, puisqu’il ne tire que par son poids. En Normandie, en Hollande, &c. l’on soutient que le collier fatigue moins l’animal ; & dans chaque endroit, on s’étaie de l’expérience du pays. Dans l’un & dans l’autre, a-t-on jamais fait l’expérience comparée ? elle mérite certainement bien la peine qu’on s’en occupe. D’après l’inspection des vertèbres du col du bœuf, si j’avois à prononcer, je préférerois le joug au collier : l’animal a le mouvement libre de toutes les parties de son corps. L’encolure du bœuf n’est pas comme celle du cheval ; le collier a beau être bien fait, bien rembourré, il porte toujours sur la partie antérieure & supérieure de l’épaule, gêne l’action de l’omoplate & des muscles qui s’y attachent : d’ailleurs, le fanon du bœuf est gêné & replié dans le collier. La longueur du levier que nécessite le joug, me détermine.

Une grande attention à avoir lorsqu’on accouple deux bœufs, soit pour labourer, soit pour tirer la charrette, est qu’ils soient tous les