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France, quoique fausse. On est forcé de s’en servir pour ne pas augmenter la nomenclature. M. Robin, professeur de Botanique, l’apporta de l’Amérique, & la fit connoître en France vers l’an 1600. Il n’y a pas long-tems qu’on voyoit au Jardin du Roi à Paris, le premier arbre planté par M. Robin. Depuis cette époque, il s’est tellement multiplié, que dans plusieurs provinces de France on en fait des haies ; on coupe sa tige près du pied, & on étend ses branches.

Fleur, papilionacée, l’étendard arrondi, grand, obtus ; les ailes ovales, oblongues, avec un appendice très-court & obtus ; la carenne sous-orbiculaire, aplatie, obtuse, de la longueur des ailes ; le calice d’une seule pièce, petit, en forme de cloche & à quatre dentelures ; les étamines au nombre de dix, dont neuf réunies à leur base.

Fruit. Le légume ou gousse, grand, long, aplati, relevé de plusieurs bosses, & la gousse s’ouvre en deux parties ou cosses. Les semences ont la forme d’un rein.

Feuilles, ailées, avec une impaire ; les folioles égales, très-entières, opposées & oblongues.

Racine, rameuse, ligneuse, & d’une couleur jaunâtre.

Port. Cet arbre s’élève quelquefois à la hauteur de trente pieds. Sa tige est armée d’aiguillons, souvent doubles. Son écorce est roussâtre, raboteuse. Ses fleurs sont jaunes, blanches sur quelques arbres, soutenues par un long péduncule, & elles forment une jolie grappe, dont l’odeur est douce & aromatique. Cet arbre se ressent encore de son humeur sauvage : il se prête difficilement aux caprices du jardinier.

Lieu. Son pays natal est la Virginie. Il est aujourd’hui naturalisé en France : on en voit beaucoup du côté de Bordeaux. Si nous ne l’avons pas fait dessiner & graver, c’est qu’il est trop connu.

Propriétés. Les fleurs sont émollientes, aromatiques, antihystériques. La racine ne diffère en rien de celle du réglisse.

Usages. Les fleurs en infusion, en décoction, on en retire une eau distillée, que l’on donne depuis quatre onces jusqu’à six dans les potions & dans les juleps. L’infusion produiroit le même effet, & coûteroit moins.

Usages économiques. Il seroit important de multiplier cet arbre dans les provinces méridionales du royaume, où le bois est rare & cher. Il vient fort vîte & fort aisément dans presque tous les terrains, sur-tout dans les terrains légers & gras. Son bois est jaunâtre & marbré ; les tourneurs en font des bois de chaise, qui durent beaucoup. Il seroit plus avantageux d’employer ce bois à faire des meubles, que celui du peuplier ypréau, ou tels autres bois blancs dont on se sert : on auroit encore la ressource de ses feuilles, qui sont une excellente nourriture pour les bestiaux. M. Bohadsch assure, dans un mémoire sur les avantages qu’on peut retirer de cet arbre, que les vaches qui ont vécu de ces feuilles, donnent plus de lait, & que cette nourriture est pour elles plus succulente que celle du trefle, du sainfoin & de la luzerne. Cet arbre vient fort aisément de semences ; &