l’épreuve des différens procédés de M. Schirach pour former des essaims : il n’a point été aussi heureux dans les expériences qu’il a faites, qu’il se le promettoit, & que l’observateur de Lusace le faisoit espérer. Il a trouvé d’autres moyens plus propres, à ce qu’il assure, pour former des essaims, que ceux qu’il avoit employés, qui n’avoient servi qu’à le constituer en dépense, sans qu’il en ait retiré aucune utilité réelle. Sa méthode consiste uniquement dans le transvasement des ruches. On prend une ruche vuide bien nettoyée & frottée intérieurement avec des herbes d’une bonne odeur ; on renverse sens dessus dessous la ruche pleine, comme si on vouloit la transvaser, & on la couvre aussi-tôt de celle qui est vuide : on frappe quelques petits coups contre les parois de la ruche renversée, pour obliger les abeilles à monter dans celle qui est vuide. Quinze ou dix-huit minutes suffisent pour cette opération, parce qu’il n’est pas nécessaire que toutes les abeilles quittent leur première habitation ; il est bon, au contraire, qu’il en reste un certain nombre. Lorsque la reine & une bonne partie de ses sujettes, sont passées dans la ruche vuide, ce que l’on connoît au bourdonnement fort & continuel qu’elles y font, on remet la ruche à sa place, & on couvre celle dans laquelle on a fait passer une partie de ces insectes avec un linge qu’on attache tout autour. Le moment où les abeilles sont fort occupées à leur récolte, est celui qu’il faut choisir pour cette opération, c’est-à-dire, midi ou une heure. Celles qui reviennent de la campagne entrent dans leur domicile comme à l’ordinaire, & continuent leurs travaux comme si on n’avoit causé aucun dérangement parmi elles. Le défaut de reine ne suspendra point les occupations du ménage, parce qu’il se trouvera parmi le couvain des cellules royales qui soutiendront l’espérance de la république de voir bientôt une reine à sa tête pour la gouverner. On place l’autre ruche dans laquelle on a fait passer la majeure partie des abeilles avec leur reine, à l’ombre, jusqu’après le soleil couché, qu’on la transporte à une demi-lieue de l’endroit où elle étoit. Les abeilles, après être revenues de leur surprise, se mettent au travail, & tâchent de fournir leur nouvelle habitation des choses qui leur sont nécessaires. On peut mettre ce procédé en usage avec toutes sortes de ruches.
L’activité des abeilles doit être grande, puisqu’alors la reine est dans le fort de sa ponte ; elle doit se laisser aller à de violens mouvemens d’impatience quand elle ne trouve pas les cellules toutes prêtes pour recevoir les œufs qu’elle est pressée de déposer : sans doute qu’elle se prête aux circonstances & à la nécessité, & qu’elle attend que les logemens soient prêts à recevoir les sujets qu’elle veut y placer.
Un autre moyen que M. du Carne a encore trouvé pour former des essaims, & qui ne convient qu’aux ruches qui sont composées de hausses, consiste à les diviser pour en faire deux d’une seule. Si les hausses qui composent la ruche sont en nombre pair, on les divise par moitié égale : si elles sont en nombre impair, on en laisse une de plus