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saim. Comme les abeilles sont amoncelées les unes sur les autres, on peut les prendre aisément avec les mains qu’on a garnies de bons gants, ou avec ces grandes cuillers à pot dont on se sert dans les cuisines. Engourdies par la fraîcheur de la nuit, il est facile de les ramasser presque toutes par masses ou par pelotons qu’on met dans la ruche ; il en reste très-peu, qui vont d’elles-mêmes le lendemain retrouver les autres. Quand il en demeure beaucoup dans le trou, à cause de la difficulté de les prendre, on laisse la ruche toute la nuit, & le jour d’après, au bas de l’arbre ou du mur, afin qu’elles puissent plus aisément rejoindre leurs compagnes. Si la ruche n’étoit point à l’ombre pendant la journée, on la couvriroit avec quelques feuillages verds, ou avec un linge mouillé, afin que la chaleur ne les excite point à sortir ; après le soleil couché, la nouvelle république sera portée à l’endroit qui lui est destiné. Si l’entrée du trou où l’essaim se réfugie, se trouvoit étroit au point de ne pouvoir y passer la main, ou une grande cuiller, on auroit attention, en l’agrandissant, de ne point écraser les abeilles.

Après avoir reçu un essaim dans la ruche qui lui a été préparée, on en ferme tout de suite l’ouverture avec un gros linge qu’il est inutile d’attacher ; on la pose doucement à terre dans la position qu’elle doit avoir quand elle est placée sur son support, & on laisse tomber le linge qu’on étend tout autour. Afin de donner de l’air aux abeilles, & que celles qui sont séparées du corps de la troupe, puissent aisément aller rejoindre leurs compagnes, on met à terre deux bâtons couchés, sur lesquels on place la ruche : on la laisse dans cette situation jusqu’à l’entrée de la nuit, qu’on la prend ensuite, après l’avoir enveloppée du linge qui étoit en dessous pour enfermer l’ouverture, & on la porte à la place qui lui est destinée. Si le soleil, comme nous venons de le dire, étoit vif & chaud pendant la journée qu’elle est à terre, on la couvriroit de la manière que nous l’avons indiqué, pour que la chaleur ne force point les abeilles à quitter leur nouvelle habitation. S’il arrive que celles qui ne sont pas entrées dans la ruche, s’obstinent à retourner à la même place où elles s’étoient d’abord établies, au lieu d’aller rejoindre leurs compagnes, on frotte l’endroit où elles retournent, avec des feuilles de sureau ou de rue ; & quand cela ne suffit pas pour les en éloigner, on fume, avec un linge qu’on fait brûler au bout d’un bâton, les plus opiniâtres, pour les obliger à se rendre dans le domicile où leurs compagnes sont déjà établies.


Section VII.

Que faut-il faire quand un Essaim est divisé en plusieurs troupes, ou qu’il en part plusieurs en même tems ?


Un essaim qui part a souvent plus d’un chef à sa tête : quoiqu’un seul doive gouverner la république, quelquefois deux ou trois ambitionnent cet honneur, & partent avec la colonie, dans l’espérance d’en devenir les souverains. Cette multiplicité de reines occasionne des divisions, la troupe se sépare

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