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gréable incommoderoit les abeilles qui abandonneroient leur logement. On ne doit donc jamais faire usage de cette méthode avec les mères-ruches ; elle ne convient qu’aux essaims de la même année.

Il faut observer que la cire d’un jeune essaim est toute fraîche, qu’elle a peu de consistance, & que le miel coule aisément des gâteaux qu’on a brisés ou séparés : on doit donc avoir attention de bien nettoyer les gâteaux de tous les fragmens qui peuvent rester après leur séparation, & de mettre sous la ruche un vase pour recevoir le miel qui coule des rayons, afin que les abeilles l’enlèvent plus aisément, pour le porter dans les magasins qu’elles construiront. S’il se répandoit sur la table, les abeilles ne pourroient point s’y reposer, sans engluer leurs pattes ; & d’ailleurs il pénétreroit peut-être sur les rebords extérieurs de la table, ce qui suffiroit pour attirer leurs ennemis, & leur causer du désordre.


CHAPITRE IX.

Des moyens d’entretenir les Abeilles dans l’activité pour le travail.


Section première

Comment obliger les Abeilles à travailler dans l’intérieur de la Ruche.


Dans la construction de leurs ouvrages, dans leurs travaux, dans l’amas de provisions que font les abeilles, elles n’ont en vue qu’elles-mêmes, & la conservation & les progrès de leur espèce. Quelque ardeur qu’elles aient naturellement pour le travail, elles ne s’y livrent que quand elles sont dans une habitation qui leur plaît, & où elles ont dessein de s’établir, à cause des avantages qu’elle leur fait espérer. Dès qu’elles ont pris du dégoût pour leur domicile, elles sont dans l’inaction, & on les voit bientôt en déloger, pour en chercher un autre qui leur plaise, & où elles puissent se fixer. Pour les engager à demeurer dans le logement qu’on leur a donné, & à y travailler, il faut le leur rendre commode, avoir soin de le maintenir dans une grande propreté, en éloignant tous les insectes qui leur nuisent. Autant qu’il est possible, il faut proportionner le logement au nombre d’abeilles qui composent la colonie : dans une habitation trop vaste, elles sont découragées par la quantité d’ouvrages qu’elles auroient à faire pour la remplir ; au contraire, quand elle est proportionnée à la population qui l’habite, elles s’empressent de travailler ; & dans peu de tems elles commencent plusieurs édifices qu’elles continuent ensuite avec ardeur.

Quand on reçoit un essaim, il faut toujours avoir attention de le loger dans une ruche dont la grandeur soit proportionnée au nombre des abeilles qui le composent : tel essaim qui ne travaille point, ou fort peu, dans une ruche trop spacieuse, auroit fait des merveilles dans une plus petite : D’ailleurs, avec des ruches composées de plusieurs hausses, on est toujours à tems de rendre l’habitation plus grande, à mesure qu’on s’apperçoit que l’ouvrage avance. Maintenir les abeilles dans la propreté, proportionner le logement à leur nombre,