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seroit inutile, & qui perdroit de sa bonne qualité en séjournant plusieurs mois dans la ruche.


Section VIII.

Dans quelles circonstances est-il à propos de tailler les Essaims de la même année.


Les essaims exigent d’autres soins & d’autres précautions dans la manière de partager avec eux la récolte qu’ils ont faite, que celles qu’on a pour les mères-ruches. On doit observer qu’ils ne sont composés en grande partie que de jeunes abeilles dont il faut ménager l’activité, dans la crainte de les rebuter en voulant trop exciter leur ardeur pour le travail. Si les essaims sont tardifs, jamais on ne doit les priver de la plus petite partie de leurs provisions, parce qu’ils n’ont pas eu le tems d’en faire d’assez considérables : il faut examiner au contraire, s’ils en auront suffisamment pour passer toute la mauvaise saison.

Pour profiter & pouvoir prendre une partie de la récolte qu’a faite un essaim, sans l’exposer à aucun danger, il faut qu’il soit des premiers jours du mois de Mai ; qu’il soit fort nombreux & actif au travail ; que la ruche où il est logé soit pleine de cire & de miel : alors on peut lui enlever une partie de sa provision, si la saison est encore favorable pour réparer ses pertes en remplaçant ce qu’on lui aura pris. Sans toutes ces conditions, il faut le laisser paisiblement au milieu de ses richesses, & n’être point tenté d’y porter une main avide qui ruineroit cette colonie naissante, parce que ce seroit l’exposer à une disette affreuse, ou le dégoûter de son habitation : rebuté par le vol qu’on lui auroit fait, peut-être seroit-il capable de porter le ravage dans les ruches voisines, & d’y causer le plus grand désordre.

Quand les essaims ont exactement toutes les conditions qui sont indispensables pour être dégraissés, on fait cette opération, les premiers jours de Juillet, c’est-à-dire, le deux ou le trois : si on la faisoit plus tard, la récolte du miel & de la cire seroit peut-être finie, & alors comment pourroient-ils s’occuper à de nouveaux ouvrages ? En la faisant plutôt, on risqueroit d’endommager le couvain qui n’auroit pas eu assez de tems pour être élevé & soigné par les abeilles ; ce qui est encore une raison qui doit empêcher qu’on ne touche aux provisions des essaims, qui ne sont sortis que dans le mois de Juin. Cependant, si un essaim fort nombreux avoit entiérement rempli sa ruche au mois d’Octobre, il seroit aussi avancé que les mères-ruches ; alors il faudroit le traiter comme elles, c’est-à-dire, lui enlever une hausse par le haut, & n’en point ajouter par le bas : ce seroit autant pour profiter de ses provisions, qu’afin de le précautionner contre l’hiver, en rendant sa demeure moins spacieuse.


Section IX.

Manière de tailler les Essaims de la même année.

La méthode de tailler les essaims est en général la même que celle qu’on pratique avec les mères--