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pourroit placer ses œufs dans la hausse supérieure, s’il y avoit quelques cellules qui ne fussent pas remplies de miel ; ni après le premier Juillet, attendu que la récolte des abeilles est presque finie ; du moins dans bien des endroits elles ne trouvent rien ou peu de choses après les premiers jours de Juillet ; elles sont réduites aux fleurs des jardins, & à quelques fruits qui ne fournissent pas l’abondance qu’elles desirent pour ramasser des provisions.

3o. De ne point tailler les ruches que la récolte du miel ne soit commencée, autrement les abeilles se dégoûteroient, si elles ne trouvoient pas tout de suite dans la campagne de quoi remplacer ce qu’on leur a pris : à leur activité & à leur ardeur pour le travail, on connoît si elles rapportent du miel, principalement encore quand leurs voyages sont très-fréquens.

On ne peut point disconvenir que l’usage de ne point tailler les ruches avant le dix ou douze de Mai, ne soit très-bon : c’est alors que commence le tems de la plus grande récolte des abeilles ; on ne craint donc point de les appauvrir, puisque dans peu elles auront réparé leurs pertes & ramassé le double de ce qu’on leur aura enlevé. En taillant les ruches dans le mois de Mars, avant que la récolte du miel soit commencée, on peut exposer les abeilles à mourir de faim, parce que c’est alors qu’elles font une plus grande consommation de leurs provisions ; leurs mouvemens dans la ruche, leurs fréquentes sorties excitent considérablement leur appétit : si elles ne trouvent rien dans la campagne, & que leurs magasins soient vuides, il faut les nourrir ; & c’est toujours un très-grand inconvénient, soit par rapport à la dépense, soit aussi à cause des soins qu’il faut prendre pour ne point les exposer à la disette, en oubliant de leur donner des provisions.

Si la récolte du miel étoit commencée dès la fin d’Avril, comme dans nos provinces méridionales, & que la ruche fut tellement pleine, que les gâteaux descendissent presque sur la table, ou à la hauteur de deux pouces environ, il ne faudroit pas renvoyer au dix de Mai pour tailler les ruches ; en différant, on feroit perdre aux abeilles un tems précieux pour la récolte du miel & de la cire ; peut-être encore elles se dégoûteroient, & abandonneroient une habitation où elles ne pourroient plus faire d’amas de provisions. Dès que la saison de la récolte des abeilles est arrivée, on peut tailler les ruches sans aucun inconvénient ; il y en auroit au contraire un très-grand à retarder cette opération, si la ruche se trouvoit pleine au point que les gâteaux descendissent sur la table. La taille des ruches dépend donc de la récolte du miel, qui ne commence point partout dans le même tems, puisqu’elle est relative aux climats, & qu’elle varie comme eux, selon les différens pays.

Le mois d’Octobre est encore le tems propre à s’emparer d’une partie des provisions que les abeilles ont amassées, quoiqu’on ait déjà fait un partage avec elles au mois de Mai : il faut observer alors que partout la récolte est finie pour les abeilles, & que dans le partage