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la cire. Il ne prescrit de dégraisser au mois de Mars, que les ruches qui auroient des provisions surabondantes, qui empêcheroient de loger les nouvelles que la campagne offre aux abeilles. Le mois d’Octobre est le tems où il conseille de tailler toutes les ruches, en ayant attention de laisser aux abeilles des provisions suffisantes pour passer l’hiver, eu égard à leur force & à leur foiblesse : alors, on ne remplace point la hausse qu’on enlève dans le haut par une autre qu’on ajoute au bas, comme on le pratique dans le mois de Juin. Il évalue la quantité de miel que peut consommer la ruche la plus nombreuse en mouches, à une livre un quart. Cette quantité, quoique très-médiocre, pourroit suffire, si le froid étoit constant pendant l’hiver : mais si l’air est doux, & qu’il y ait plusieurs jours de beau tems, les abeilles qui se remuent dans la ruche, prennent de l’appétit, font par conséquent une plus grande dépense de provisions, & la quantité de miel qu’on auroit jugé leur suffire, seroit bientôt consommée. Aussi conseille-t-il prudemment d’en laisser davantage, afin de prévenir la disette que peut occasionner parmi les abeilles un tems trop doux qu’on ne peut prévoir.

Les motifs sur lesquels se fonde M. Palteau pour dégraisser les ruches dans le mois d’Octobre, sont, io. qu’on veille à la conservation des abeilles, en prenant une partie de leurs provisions avant l’hiver ; parce qu’en ôtant une hausse par le haut à leur ruche, sans en ajouter d’autres, on rend leur habitation moins vaste, & par conséquent plus chaude, puisqu’elles seront plus rapprochées les unes des autres ; 2o. on prévient la moisissure de la cire, la fermentation du miel, qui se gâtent nécessairement, quand les abeilles ne peuvent pas les entretenir dans le degré de chaleur qu’il conviendroit pour les conserver. Le miel perd donc de sa qualité s’il passe l’hiver dans la ruche, la cire devient brune, & par conséquent plus difficile à blanchir. MM. de Massac & de Boisjugan, les plus fidèles imitateurs qu’ait eus M. Palteau, prescrivent exactement la même méthode, & pour les mêmes raisons.

M. du Carne conseille de tailler, les ruches, selon les dimensions qu’il a adoptées ; io. quand elles sont composées de sept hausses exactement pleines de cire & de miel, qu’elles sont bien fournies d’abeilles, & qu’elles pèsent soixante-quatre ou soixante-cinq livres : il exige encore que les ruches aient sept hausses pour être taillées, parce qu’il a observé que les abeilles travailloient volontiers & avec ardeur, jusqu’à ce que leur ruche fut du double plus haute que large ; ce qui a lieu lorsque la ruche est composée de sept hausses : alors la supérieure ne contient que du miel & de la cire, & n’a point de couvain. Si les hausses, au lieu de treize pouces en quarré qu’elles ont, n’en avoient que douze, on pourroit les tailler à six, parce qu’alors une ruche composée de six hausses auroit une hauteur double de sa largeur.

2o. Il recommande de ne jamais tailler les ruches avant le dix ou douze de Mai, parce que la reine, qui est dans le fort de sa ponte,