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mettre sous la ruche ; le mauvais goût qu’ils y contracteroient, les en éloigneroit. On les place vis-à-vis des ruches, afin qu’ils soient à leur portée : étant en plein air, ils ne moisissent point, ne deviennent point aigres, & les abeilles les mangent jusqu’à la fin.


CHAPITRE VII.

Du Transvasement des Ruches.


Section première.

Dans quelles circonstances faut-il transvaser les Ruches.


Transvaser les ruches, c’est obliger les abeilles de quitter leur domicile pour entrer dans un autre. Ce changement d’habitation doit avoir lieu, 1o. quand la ruche où elles sont logées, est vieille ou mauvaise ; 2o. quand elles sont tellement attaquées des fausses teignes, qu’il faut absolument enlever tous les gâteaux pour les en délivrer ; 3o. quand on veut, par un excès d’avidité, enlever toutes leurs provisions, sans cependant les faire mourir ; 4o. lorsqu’on a des ruches foibles, c’est à-dire, peu fournies d’abeilles & de provisions, & que le logement est trop spacieux relativement à la population ; parce qu’alors leur nombre seroit insuffisant pour échauffer un domicile trop vaste, de façon à pouvoir résister à la rigueur du froid.


Section II.

Quelle est la saison convenable au transvasement des Ruches.


Lorsqu’on force les abeilles de quitter leur habitation pour passer dans une autre, où il n’y a aucune sorte de provisions, il faut choisir, pour faire cette mutation de domicile, la saison où elles puissent réparer leurs pertes, & remplacer, par d’autres provisions, celles qu’on les oblige d’abandonner. Le commencement du mois de Mai est donc le tems le plus favorable pour faire changer de demeure aux abeilles, puisque la campagne leur offre des richesses à recueillir pour les dédommager de celles qu’on leur a prises ou par nécessité ou par avidité. Si on faisoit ce changement plus tard ; par exemple, dans le mois de Juillet, ou au commencement du mois d’Août, elles ne trouveroient plus dans la campagne les provisions qui leur sont nécessaires pour passer l’hiver : on les exposeroit infailliblement à une disette affreuse dont elles seroient les victimes, à moins qu’on ne se décidât à les nourrir jusqu’à la belle saison ; ce qui occasionne de la dépense, & exige des soins : malgré cela, elles courroient risque de mourir de froid, quelques précautions qu’on prît pour les en garantir, dans une habitation qui est toujours trop vaste, quand elle est dépourvue de provisions, & d’un nombre suffisant d’abeilles pour l’échauffer.

Le mois de Mai est donc l’époque du transvasement des ruches mauvaises ou trop vieilles, de celles qui sont absolument ravagées des fausses teignes. Quant à celles qu’on est obligé de transvaser, parce qu’elles sont peu fournies de provisions & d’abeilles, il faut différer jusqu’à la fin du mois d’Août ou au commencement de Septembre, parce qu’on a lieu d’espérer que, pendant