Les abeilles qui en sont attaquées, ont l’extrémité des antennes fort jaunes ; leur bout, un peu gros, ressemble à un bouton de fleur prêt à s’épanouir ; le devant de la tête est aussi un peu jaune. Les mouches en proie à cette maladie deviennent languissantes, & perdent cette vivacité qui leur est si ordinaire quand elles se portent bien : elle n’est point aussi dangereuse que la dyssenterie ; c’est une preuve d’une grande foiblesse ; par conséquent le remède indiqué dans la section précédente, c’est-à-dire, le sirop de M. Palteau est capable de les fortifier, & de leur rendre en deux ou trois jours toute leur activité : à son défaut, on peut y suppléer par un verre de vin d’Espagne mis dans une soucoupe placée sous la ruche : ce simple remède contribuera à les fortifier & à les guérir.
Section III.
Du Faux-Couvain, & comment il faut y remédier.
Le faux-couvain est la plus grande contagion que les abeilles aient à redouter ; quand il y en a beaucoup dans une ruche, c’est une peste pour elles, qui les fait mourir, ou déserter leur habitation quand elles en ont la liberté, si on néglige de l’ôter. Les vers & les nymphes mortes & pourries dans leurs cellules, sont ce qu’on nomme le faux-couvain. Cet accident a lieu quand les abeilles, faute de bonne nourriture, en donnent une mauvaise aux vers, ou bien lorsque la reine a mal placé les œufs dans les alvéoles, de sorte que le ver ne peut point briser son enveloppe pour sortir ; ou que le froid a été assez rigoureux pour les faire mourir.
L’unique remède, c’est d’enlever ce faux-couvain, de couper les gâteaux qui en sont infectés, de bien nettoyer la ruche, & de laisser ensuite jeûner les abeilles pendant deux jours, afin qu’elles évacuent toute la mauvaise nourriture qu’elles ont prise : on leur donne ensuite un peu du sirop dont il a été question dans la première section de ce Chapitre, ou une tasse de vin d’Espagne, afin de les fortifier. Si la ruche en étoit absolument infestée, on ne pourroit point se dispenser de faire changer de domicile aux abeilles : quand on est obligé de le faire, on nettoie parfaitement la ruche d’où elles sont sorties ; on la parfume avec de bonnes odeurs, en brûlant par dessous de la mélisse, du serpolet, ou toute autre plante aromatique ; & ensuite on la frotte, intérieurement avec une poignée de foin d’une odeur agréable, afin de pouvoir s’en servir pour y loger d’autres abeilles, qu’il seroit dangereux d’y introduire sans cette précaution.
Section IV.
Erreurs sur de prétendues Maladies des Abeilles.
L’abbé de la Ferrière a pensé que les abeilles étoient sujettes à une maladie qu’il nomme la rougéole, & qu’elle étoit très-dangereuse. Voici comment il en parle. « La rougéole est une espèce de miel sauvage, une matière rouge & épaisse, qui n’emplit jamais que la moitié des rayons : cette matière est plus