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sur leur table dans la position qu’elles doivent avoir, sans ôter le linge qui les enveloppe : il convient d’attendre la nuit pour le détacher & l’enlever ; autrement les abeilles, si on l’ôtoit pendant le jour, retourneroient au premier emplacement de leur domicile, s’il n’étoit pas bien éloigné ; ou bien elles iroient s’égarer, se perdre dans la campagne, & ne reviendroient plus dans leur habitation.

Le lendemain de leur arrivée, il faut les visiter dès le matin, examiner s’il y a des gâteaux brisés, & les enlever ; observer si les ruches posent bien de tous côtés sur leur support, & boucher avec du pourjet toutes les ouvertures qu’on apperçoit. Quand la ruche ne pose pas à plomb, & qu’elle vacille de côté & d’autre, on glisse de petits coins de bois pour la soutenir ; ensuite on la colle sur son support avec le pourjet qu’on applique tout autour de la circonférence de son ouverture, afin que les abeilles n’aient point d’autre sortie que la porte qui est au bas de leur domicile. Quand les ruches sont composées de plusieurs hausses, on remet du pourjet à leur jonction, afin qu’il n’y ait point d’intervalle de l’une à l’autre : en un mot, on tâche de les remettre dans l’état où elles étoient avant leur déplacement, en réparant tous les dommages que le voyage peut avoir occasionnés. Si l’air est assez doux, on laisse sortir les abeilles le lendemain ou un jour après leur arrivée ; cette sortie les délasse des fatigues du voyage, & les habitue insensiblement à leur nouvelle habitation.


CHAPITRE II.

Du tems qu’on interdit aux Abeilles la sortie de leur Domicile. Comment il faut les disposer à passer l’hiver, et des soins qu’elles exigent pendant cette saison.


Section première.

Dans quel tems faut-il fermer les Abeilles dans la Ruche.


Quoique la fin de l’automne ne soit point pour les abeilles un tems de récolte ; tant que la saison n’est point froide, que le soleil paroît pendant quelques heures de la journée, il n’y a aucun danger à les laisser sortir librement ; elles s’écartent peu de leur habitation, parce qu’il n’y a rien à ramasser dans la campagne : ces sortes de promenades qu’elles font aux environs de leur domicile, en entretenant leur activité, contribue à leur santé : il est vrai que l’appétit qu’elles gagnent par cet exercice, diminuera les provisions ; mais il vaut mieux être exposé à les nourrir, que de les exposer elles-mêmes à périr par l’ennui que leur cause une trop longue retraite, qu’elles supportent toujours avec impatience, quand le soleil & un air doux les invitent à sortir. Si on les tenoit renfermées malgré elles, pour ménager leurs provisions, elles chercheroient à sortir, s’impatienteroient, s’échaufferoient considérablement, & mourroient de désespoir dans leur ruche. Au lieu de les tenir absolument enfermées, il suffit de diminuer les portes de leur domicile, de manière qu’elles ne puissent sortir