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SON INTRODUCTION EN EUROPE 77

le recommandait Evelyn ; on se contentait d’arracher quelques tubercules en Automne, et l’on recouvrait les pieds avec une bonne litière pour les préserver du froid pendant l’hiver. Depuis le milieu du XVIIIe siècle, la culture des Pommes de terre a fait par contre des progrès si rapides en Écosse, qu’on en voit maintenant dans presque tous les jardins qui entourent les chaumières. »

En suivant le cours de nos citations d’auteurs qui nous ont laissé quelques documents relatifs à notre histoire, nous avions espéré trouver de nouveaux renseignements dans l’Historia plantarum de John Ray, publiée à Londres en 1686, et dans le Plantarum Historia universalis de Morison qui a paru à Oxford en 1715. Mais ces deux auteurs ne font guère que répéter ce qu’avaient déjà dit leurs devanciers, en s’inspirant surtout des ouvrages des Bauhin que nous ferons connaître dans le paragraphe suivant. Ils parlent seulement tous deux de Johannes Banister, un explorateur mort victime de son dévouement à la science, qui, pendant douze ans, est resté dans la Virginie, parcourant la contrée en tous sens et recueillant toutes les plantes qui s’offraient à lui. Ray en a publié le Catalogue, daté de 1680, dans lequel ne figure pas le Solanum tuberosum. Morison ajoute même que Banister avait certifié ne l’y avoir jamais rencontré, ce que d’autres explorateurs devaient bien après lui également constater.

L’Angleterre, cependant, a toujours tenu le premier rang en Europe pour la préconisation de la culture de la Pomme de terre. Ceci explique toute l’importance que l’on attachait déjà, au XVIIIe siècle, dans ce pays, ainsi qu’en Irlande, aux soins qu’exigeait l’amélioration de cette culture. L’article suivant, extrait du Dictionnaire des Jardiniers[1] de Philip Miller, Directeur du Jardin des Apothicaires de Londres à Chelsea, fournit la preuve de la situation privilégiée où se trouvait alors à ce point de vue l’Angleterre. Nous en donnons ci-après la traduction.

Miller avait cru devoir classer la Pomme de terre dans le genre Lycopersicon avec les Tomates : les raisons qu’il en donne ne pouvaient prévaloir contre l’opinion de Gaspard Bauhin qui en avait fait un Solanum, opinion ratifiée par Linné et tous les botanistes


  1. Gardener’s Dictionary, 8° édition (1768).