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SON INTRODUCTION EN EUROPE 67

balle, d’autres ovoïdes, d’autres plus allongées, d’autres plus courtes ; ces racines noueuses sont fixées à la tige principale avec un nombre infini de fibres filamenteuses.

» Le pays d’origine. — Elle croît naturellement en Amérique, où elle a été découverte pour la première fois, comme le rapporte Clusius[1] ; mais depuis, j’en ai reçu des racines de la Virginie, autrement appelée Norembega, qui poussent et prospèrent dans mon jardin comme dans leur propre pays natal.

» Le temps. — Les feuilles sortent de terre au commencement de Mai ; les fleurs se montrent en Août ; le fruit est mûr en Septembre.

» Les noms. — Les Indiens appellent cette plante Pappus, ce qui s’entend des racines : c’est sous ce nom que sont aussi désignées les Patates communes dans les contrées indiennes. Nous lui avons conservé ce même nom. Et comme elle a non seulement la forme et la même dimension que les Patates, mais qu’elle en a aussi le goût agréable et les vertus, nous avons cru pouvoir l’appeler en anglais : Potatoes of America or Virginia (Patates d’Amérique ou de Virginie).

» Le tempérament et les vertus. — Le tempérament et les vertus se rapportent à ceux des Patates communes, étant pareillement un aliment, ainsi qu’un mets agréable, et qui les égale en bonté et en salubrité, soit qu’on les fasse toutes deux rôtir dans les cendres chaudes, soit qu’on les mange bouillies avec de l’huile, du vinaigre et du poivre, ou bien préparées de toute autre façon par les soins d’un habile cuisinier. »

Cette description, bien que fort détaillée, laisse à désirer en ce qui concerne les tubercules. Il est difficile, dans la comparaison qui est faite des Pommes de terre avec les Batates, de comprendre bien nettement ce que voulait dire Gerarde. D’un autre côté, ce qu’il dit de Clusius au sujet de la découverte des Papas, ne peut s’expliquer que par des relations qu’il avait dû, avant 1597, entretenir avec ce savant botaniste. En effet, comme nous le verrons plus loin, l’Histoire des plantes rares (Rariorum plantarum Historia), dans lequel ce dernier parle de la Pomme de terre, ne parut qu’en 1601.


  1. — Il s’agit de Charles de l’Escluse d’Arras, plus connu sous son nom latinisé Clusius, dont il sera question plus loin.