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46 HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

comme espèce propre, et ensuite comme une forme du S. tuberosum ou du S. verrucosum.

» Nous pouvons conclure de la manière suivante :

» 1o La Pomme de terre est spontanée au Chili, sous une forme qui se voit encore dans nos plantes cultivées.

» 2o Il est très douteux que l’habitation naturelle s’étende jusqu’au Pérou et à la Nouvelle-Grenade.

» 3o La culture était répandue, avant la découverte de l’Amérique, du Chili à la Nouvelle-Grenade… »

Nous nous contenterons de noter ici qu’A. de Candolle, partageant l’opinion de Sabine et de Lindley, continue à considérer le Maglia, qu’il ne croit pas être le S. Maglia des botanistes, comme étant un des types sauvages de la Pomme de terre.

En 1883, nous constatons l’apparition d’une nouvelle espèce de Solanum tuberculifère. M. Blanchard, jardinier en chef du Jardin botanique à Brest, l’y avait cultivée, ou plutôt, comme il le dit, laissée au même endroit et cela pour cette raison qu’il lui était à peu près impossible de la détruire. Tous les ans, à la fin de Juin ou au commencement de Juillet, il en faisait la récolte. Mais malgré tous les soins qu’il apportait à cette opération, il en restait assez en terre pour que, l’année suivante, le champ s’en trouvât garni, tant elle est traçante. Cette espèce avait été découverte, en 1841, dans les dunes de la Plata par le Dr Désiré Petit, qui en avait rapporté seulement des échantillons desséchés. Elle fut retrouvée dans l’île Goritti, à l’embouchure du Rio de la Plata, en face de la ville de Maldonado, à 35° de latitude sud et 58° de longitude ouest, par le Dr Ohrond, qui en apporta des tubercules en France en 1882, lesquels furent cultivés à Brest. Le Dr Ohrond avait remarqué que l’île Goritti est inhabitée, sablonneuse, à sables très meubles et fins, contenant une grande quantité de débris de coquilles. Les tubercules avaient été trouvés à la surface du sable, au nombre de six, de la grosseur à peu près d’une aveline ; mais les recherches faites dans les sables du lieu même et du voisinage, dans le but d’en découvrir d’autres, étaient restées vaines. Il s’agissait donc bien d’une Pomme de terre sauvage. M. Carrière, après l’avoir cultivée à Montreuil, dans un terrain siliceux, la fit connaître dans un article de la Revue Horticole, intitulé : Nouvelle espèce de Pomme de terre. Il en donna la description et des figures, et la nomma