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UTILISATION DE LA POMME DE TERRE

Du reste, depuis fort longtemps, les tubercules de la Pomme de terre, crus ou cuits, ont été donnés comme nourriture au bétail. « Lorsque Parmentier et M. Cadet de Vaux, disent Payen et Chevallier, commencèrent leurs nombreux et utiles essais sur les Pommes de terre, ces tubercules, dédaignés des riches et des pauvres, ne servaient pas même de nourriture aux animaux domestiques, si ce n’est au porc lui seul ; c’était, pour ce temps, une preuve de plus de la gloutonnerie de cet animal ». D’après ces auteurs, il vaut mieux donner aux porcs ces tubercules cuits que crus, avec diverses eaux de lavage : ils recommandent aussi d’en donner aux chevaux et préconisent pour les bœufs et les moutons la farine brute de Pomme de terre. D’après M. Heuzé, cet usage s’est maintenu, car il dit que la Pomme de terre crue est très lactifère et convient aux vaches laitières, aux brebis nourrices, en l’alliant à des aliments secs, paille ou foin. Il ajoute que la Pomme de terre cuite serait moins lactifère, qu’on l’emploie plus spécialement dans l’engraissement des bêtes bovines, des moutons et des porcs, et qu’on l’utilise pour l’engraissement de la volaille.

Lorsque la Maladie spéciale, causée par le Phytophtora, a sévi, en 1845 et dans les années suivantes, sur presque toutes les cultures de Pommes de terre, on a cherché à tirer parti des tubercules plus ou moins malades, et l’on a reconnu que les portions encore saines de ces tubercules pouvaient être sans inconvénients données au bétail. Ce procédé peut être encore employé aujourd’hui, en retranchant des tubercules les parties atteintes par l’une quelconque des maladies, dont nous avons fait plus haut connaître tous les détails.

Quant aux Pommes de terre gelées, on a trouvé également le moyen de les utiliser. On les fait dégeler rapidement dans de l’eau tiède, puis on les coupe en tranches que l’on échaude avec soin et que l’on dessèche ensuite au four. On conserve ensuite le tout bien à sec, et on le fait consommer au fur et à mesure par le bétail.

§ 7. Extraction de la fécule. — Parmentier, en 1789, traitait déjà cette importante question : « Pour obtenir cette fécule, disait-il, il faut : 1o laver les Pommes de terre ; 2o les râper ; 3o extraire l’amidon ou fécule ; 4o la sécher à l’étuve. Quand les Pommes de terre sont bien lavées, on les jette toutes mouillées dans la trémie du moulin : les racines une fois divisées, tombent dans un baquet