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HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

Tout récemment, la conservation des Pommes de terre dans des silos a été conseillée de nouveau, d’après un procédé appliqué surtout en Autriche. « Cette conservation, dit M. de Gironcourt (Agriculture moderne, 1896), s’effectue parfaitement dans des silos en terre, analogues à ceux que l’on établit couramment pour la betterave. Il n’y a perte ni de la valeur nutritive, ni du bon goût naturel des tubercules. Ils ne germent pas ; à l’ouverture du silo, ils paraissent comme fraîchement arrachés ». Le rédacteur de l’article explique dans tous ses détails ce qu’il y a lieu de faire pour établir ces silos dans de bonnes conditions. Mais il paraît surtout les recommander pour la conservation des Pommes de terre récoltées saines. Et malgré cela, il ne manque pas d’ajouter : « Bien que la conservation des tubercules soit généralement bonne, il est utile de s’assurer de temps en temps à la main, ou mieux au thermomètre, descendu dans les cheminées (d’aération), que la température ne s’élève pas au-dessus de 3 à 4 degrés ; ce serait l’indice certain d’une fermentation commencée, risquant de faire pourrir la masse si l’on n’y portait remède. Ce remède est des plus simples : ouvrir le silo, le laisser revenir à une température basse et refermer ensuite ».

Il est très possible que ces silos puissent rendre de grands services. Encore convient-il qu’on ne s’en serve que pour des Pommes de terre parfaitement saines. Là, en effet, est une difficulté qui n’est pas de faible importance. La terre, qui, dans les saisons humides, reste adhérente aux tubercules, empêche souvent d’en bien voir l’épiderme, et les maladies bactériennes sont de celles qui, dans ce cas, échappent le plus facilement à un examen rapide, et sont les plus à craindre dans les ensilotages.

Mais on doit à MM. Vauchez et Marchal d’avoir fait connaître récemment un autre procédé très ingénieux, qui consiste à appliquer la chaleur dégagée par la fermentation de fourrages ensilés pour obtenir la cuisson et la conservation économique de la Pomme de terre. En 1895, au mois de Septembre, ces expérimentateurs plaçaient des tubercules crus et entiers dans un silo de Maïs. Retirées en Avril 1896, ces Pommes de terre, parfaitement conservées, ne renfermaient plus que 55 % d’eau, au lieu de 75 % ; elles se déchiraient complètement à la main et les animaux les mangeaient avec avidité. En Mai 1896, des tubercules crus furent placés dans