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HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

des deux variétés unies par la greffe, surtout quand il s’agissait des variétés noire et blanche, mais moins accusée pour les variétés rouge et blanche.

D’un autre côté, Charles Royer, qui s’était beaucoup occupé de l’étude des parties souterraines des plantes, crut devoir s’élever contre l’idée que l’on se faisait de la Greffe des tubercules de pommes de terre. Il disait, dans une Note publiée dans le Journal de la Société d’horticulture de France en 1874 : « Un tubercule de Pomme de terre est dû à la double hypertrophie de l’écorce et du cylindre central ; et c’est l’écorce qui contient le plus de fécule. Outre une zone génératrice principale qui sépare ces deux parties, il se développe au sein de l’écorce une zone génératrice surnuméraire plus ou moins accentuée. Les bourgeons sont toujours insérés sur la zone génératrice principale, et ils reposent chacun au fond d’une dépression, seuls points où l’écorce échappe à l’hypertrophie, afin de ne pas recouvrir ni étouffer les bourgeons. Si l’on veut tenter la greffe sur un tubercule de Pomme de terre, il faudra donc faire une entaille assez profonde pour pénétrer jusqu’à la zone génératrice principale. Mais ce résultat obtenu, l’opération n’en doit pas moins avorter, car le tubercule est un corps sans vie, ses bourgeons exceptés ; et la zone génératrice y est inactive… Il n’est pas rare cependant qu’un bourgeon qu’on a inséré sur un tubercule vienne à se développer ; mais ce ne sera qu’avec le secours des racines que le bourgeon aura émises de sa propre base. Le tubercule, loin de servir à la végétation, aura plutôt été nuisible, en s’interposant tout d’abord entre le sol et les jeunes racines du bourgeon ».

On peut dire que, théoriquement, cette opinion est juste. Cependant, après les résultats obtenus par les expérimentateurs, il convenait d’essayer de les expliquer, et surtout ce qui paraissait un fait acquis, le passage de la matière colorante d’un tubercule dans la greffe, pour produire des tubercules à double teinte ou marbrés. Il y a là, en effet, un phénomène curieux.

En 1876, Robert Fenn, qui s’est rendu célèbre en Angleterre par ses obtentions de variétés nouvelles de Pommes de terre, au moyen de fécondations croisées, disait avec humour dans le Gardener’s Chronicle : « La Greffe de la Pomme de terre a été le sujet d’une controverse, lorsque j’ai parlé de mes expériences sur elle. Je ne