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beaucoup de soins, mais ce qui ne produisit pas moins encore une bonne quantité de tubercules. Au bout de quelques années, on put abandonner ces procédés peu rémunérateurs, et le problème se posa de nouveau de savoir qu’elle était la meilleure méthode de plantation des tubercules : fallait-il choisir les plus gros, les moyens ou les petits ?

Nous trouvons dans le Journal de la Société d’Horticulture de France diverses Notes qui répondent assez bien à cette question. En 1872, Charles Royer, connu pour ses études sur les organes souterrains des plantes, s’y exprimait comme il suit.

« Mes expériences, dit-il, m’ont donné des résultats qui sont en faveur des petits tubercules (je dis petits par opposition à gros ; mais il s’agit d’une grosseur plus ou moins au dessous de la moyenne). Proportionnellement au poids de semence, la petite semence a la supériorité sur la grosse, outre qu’on a l’avantage de conserver les gros tubercules pour l’alimentation ou pour la vente.

» Sans doute le rendement d’un gros tubercule est supérieure à celui d’un petit, et avec un nombre égal de tubercules pour les mêmes surfaces, la petite semence ne peut lutter avec la grosse. Mais il faut observer que, dans ce cas, l’espacement qui convenait à de gros tubercules aura été trop grand pour de petits, et que ces derniers n’auront pas occupé tout le sol. Pour l’occuper entièrement, ils devront être plus nombreux, c’est-à-dire se rapprocher du poids total de la grosse semence, cas où celle-ci a une infériorité manifeste. Et s’il est vrai de dire que le rendement s’élève quand on augmente le poids de la semence, il ne l’est plus d’ajouter que le poids de la récolte est en raison directe du poids des semences employées.

» Quand on se sert pour les mêmes surfaces du même poids en tubercules d’un volume différent, la supériorité de la petite semence me semble tenir à ce que les pieds étant plus nombreux mais moins touffus, les tiges et les racines se nuisent beaucoup moins dans leur évolution.

» … On doit aussi se préoccuper de la maturité des tubercules de semence. À l’arrachage, il y a deux sortes de tubercules : les uns à peau rugueuse souvent gercée, sont nés dans la première phase de la végétation, c’est-à-dire au printemps et au commencement de l’été, et ils ont eu tout le temps de mûrir ; les autres ont