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SES ENNEMIS ET SES MALADIES

trouva aussi confirmée plus tard. Les cinq autres pousses furent conservées telles quelles : elles ne manifestèrent aucun changement jusqu’au 17 mai, sans qu’il y eût apparition de sporanges. La nuit suivante, il tomba une pluie chaude : dès le matin du 18, les tiges et les pétioles des feuilles des cinq pousses étaient abondamment couverts de filaments portant des sporanges mûrs. Sur le feuillage sain des autres pieds de Pommes de terre, on ne vit pas trace du Champignon jusqu’au 20 mai ; mais le lendemain, au matin, deux folioles d’une feuille qui se trouvait à l’extrémité d’une branche, près des cinq pousses malades, présentaient les taches caractéristiques du Phytophtora, et sur la face inférieure de ces folioles, aux endroits mêmes où se trouvaient ces taches, il se produisit des sporanges. Aucun autre indice de la Maladie n’était visible à l’œil nu. À partir du 25 mai, les taches révélatrices du Champignon se montraient en très grand nombre et çà et là sans ordre sur les tiges, les pétioles et les feuilles de toutes les plantes. Vers le même temps, plusieurs tubercules malades émirent également de jeunes pousses, dans lesquelles monta le mycélium du Champignon : toutefois on ne put en suivre ultérieurement le développement, parce qu’alors la Maladie avait fait partout de grands progrès. Certaines pousses étaient encore complètement saines à la base : ils n’avaient donc pu recevoir l’infection de leurs tubercules, et cette infection n’avait pu se produire qu’au moyen des sporanges développés sur les cinq pousses malades. Pour éclaircir tous les doutes sur ce point, on arracha entièrement plusieurs tiges et on les examina attentivement dans toutes leurs parties. Deux Kidney rouge avaient leur tubercule-mère encore turgescent et libre de toute atteinte du Champignon ; la base des tiges l’était également, tandis que sur leur partie supérieure on voyait les taches du Phytophtora apparaître en très grand nombre. Depuis lors jusqu’à la fin de Mai, il n’y eut rien de remarquable dans le temps ; il était, en général, modérément humide. La période pluvieuse, sous l’influence de laquelle les champs ont ici tant souffert du Phytophtora, ne vint que beaucoup plus tard. Or, au moment où cette expérience était terminée, je n’ai pu, dans de nombreuses excursions faites spécialement en vue de constater la présence du Phytophtora dans les champs, en découvrir la moindre trace. Le jardin dans lequel avait été faite l’expérience était situé dans la ville, loin des champs :