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SES ENNEMIS ET SES MALADIES

» La maladie des Pommes de terre, ajoutait Payen, se déclare en général dans les mois de Juillet, Août, Septembre et Octobre ; cependant les plus grandes surfaces se sont généralement trouvées atteintes, en France, depuis le 15 Août jusqu’à la fin de Septembre de chaque année ; on n’en a observé que des cas isolés en Juin, et à peine un ou deux seulement durant le mois de Mai ».

Ce sont aussi les mêmes périodes d’attaque que l’on observe aujourd’hui, ce qui prouve que rien n’est changé dans les époques de propagation du parasite. Quoi qu’il en soit, le Botrytis infestans, cause du mal d’après Payen, n’était pas mieux connu en 1853 dans ses manifestations biologiques qu’en 1845.

Un célèbre mycologue, qui a fait faire de grands progrès à nos connaissances, relativement surtout aux Champignons inférieurs, Tulasne, membre de l’Académie des sciences, communiquait à cette Académie la Note suivante, le 26 Juin 1854. « Note sur les Champignons entophytes, tels que celui de la Pomme de terre… « L’étude du Botrytis infestans, disait-il, m’a montré, comme à d’autres observateurs, qu’il n’était point, autant que beaucoup l’ont cru, innocent des taches qui apparaissent sur les feuilles et les tiges de la Pomme de terre, ni, par suite, étranger à la dessiccation prématurée de ces organes. Champignon entophyte et parasite véritable, il se nourrit et donne ses premiers fruits aux dépens des tissus verts et pleins de vie, mais dont il épuise rapidement tous les sucs. La dessiccation, puis la coloration en brun, des espaces qu’il a envahis, tant dans les feuilles que dans les tiges, ont parfois lieu cependant, sans que ses rameaux conidifères[1] se soient montrés ; mais on peut facilement provoquer le développement tardif de cet appareil reproducteur, en humectant les parties brunies dont il s’agit, qui sont le plus souvent toutes pénétrées de mycelium. Les tiges conidifères sortent généralement, soit isolées, soit groupées en faisceaux, par les stomates de l’épiderme ; mais sur les côtes des feuilles et sur les tiges où ces pores sont rares ou nuls, de pareils arbuscules fructifères rompent ou percent fréquemment l’épiderme pour se produire au dehors.

» J’ai observé ce Botrytis, non seulement sur la Pomme de terre commune, mais encore sur les Solanum etuberosum, stoloniferum,

  1. — Les spores du Botrytis se nommaient aussi des conidies.