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HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

appropriés à la guérison de ce genre d’affection, et qu’il était par suite inutile de se préoccuper du Champignon qui disparaîtrait de lui-même avec l’extinction de la maladie. Cette lutte d’opinions contraires a duré près d’une quinzaine d’années, jusqu’à ce que des travaux biologiques aient réussi à prouver l’action nocive du parasite, car dans ce laps de temps, la théorie contraire avait fait de tels prosélytes qu’on ne songeait plus guère à la cause véritable du mal. Il nous semble donc intéressant de constater que, dès l’apparition de ce fléau, la vérité s’était déjà fait jour, et l’on doit savoir gré à Charles Morren d’avoir plaidé chaleureusement, le premier, en faveur de la destruction du parasite.

En 1845, Charles Morren avait d’abord publié en Belgique, lorsque la maladie, éclatant soudainement, jetait la consternation chez les cultivateurs, des Instructions populaires pour les inviter à prendre les précautions qui lui paraissaient nécessaires afin de se mettre à l’abri de ses ravages. Sollicité de compléter cet opuscule, il fit paraître en France, le 30 septembre 1845, de Nouvelles Instructions populaires sur les moyens de combattre et de détruire la Maladie actuelle (Gangrène humide) des Pommes de terre. Nous croyons qu’on ne lira pas sans intérêt les passages suivants de cet ouvrage, qui fait véritablement époque dans notre Histoire.

« Un fléau terrible a frappé les plantations de Pommes de terre en Belgique. C’est le 24 juillet (1845) qu’il apparut pour la première fois avec quelque intensité entre Xhendremal et Landen ; mais, déjà en 1842[1], cette même maladie avait été observée dans la Province de Liège, et dans ma leçon publique d’Agriculture, donnée à l’Université de Liège, le 24 mars 1843, en présence d’un grand nombre de propriétaires, j’exposai son histoire, les moyens de la combattre et prévis pour l’avenir le malheur dont le pays aujourd’hui est accablé.

» De proche en proche le mal a envahi toutes nos provinces. Les contrées rhénanes subissent aussi les conséquences de l’épidémie.

  1. — Ceci laisse supposer que la manifestation de l’existence du parasite était concomitante en Amérique et en Europe, en 1842. Mais les désastres que la maladie a occasionnés aux États-Unis, deux ans avant qu’on la redoutât en Europe, nous conduisent à croire que ce parasite, probablement originaire des Andes, a dû commencer à se répandre dans l’Amérique du Nord avant de se répandre en Belgique.