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SES ENNEMIS ET SES MALADIES

au même résultat : la maladie de la Gale débute bien ainsi. Nous avons fait seulement une autre remarque : c’est que ces premières attaques, qui se manifestent surtout dans l’épiderme des jeunes tubercules, constituent le 1er stade de la Maladie, car deux ou trois mois après, les pustules se montrent beaucoup plus larges, avec des érosions plus profondes, tout à fait caractéristiques du mal, ce que nous considérons comme devant en être le 2e stade. Le dernier terme de la Maladie, qui est heureusement rare, apparaît lorsque la surface du tubercule est recouverte entièrement de pustules élargies, qui se sont réciproquement rejointes. Nous avons toujours trouvé, sur les parois des cellules voisines de celles qui avaient été déjà mortifiées dans l’épiderme, le Micrococcus pellicidus[1].

Du reste, nous croyons utile de mentionner ici que ce Microcoque ne se développe pas en grandes masses, comme certains de ses congénères. Il est difficile par suite d’en constater la présence. Vivant au détriment des éléments plasmatiques des cellules qu’il traverse, il n’attaque pas leurs membranes cellulosiques, et celles-ci ne se détruisent qu’après la mortification des cellules elles-mêmes.

Dans tous les cas, cet infiniment petit est extrêmement contagieux. Des Pommes de terre saines, plantées dans des champs où l’on a récolté des tubercules galeux, en produisent également, et cette contamination par le sol peut durer jusqu’à ce que l’on change cette culture. M. Aimé Girard a fait, dans ses cultures expérimentales, des observations tout aussi concluantes sur la continuité de la contamination par le sol. D’un autre côté, l’infection d’une terre saine peut se faire par la plantation de quelques tubercules galeux. Ainsi, le jardin où nous avions, en 1896, installé quelques expériences, nous en a fourni une preuve inattendue. Une demi-douzaine de ces tubercules malades avaient été plantés dans de grands pots, à plus de douze mètres d’autres plants sains de Pommes de terre. Or, presque tous les tubercules récoltés dans ce jardin, appartenant à une centaine de variétés, au

  1. — Nous avons retrouvé ce Microcoque dans de petites cavités, à fond noirci et de forme variable, qui se font quelquefois remarquer sur le collet des racines de Betteraves.