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HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE


Maladie dont la cause était inconnue.


Cette maladie, dont il a été plus souvent question autrefois qu’il ne l’est aujourd’hui, est ce qu’on a appelé la Frisolée, ou parfois même la Frisée, ou d’autres fois la Rouille, ou bien encore la Cloque ou Crolle, dans les Flandres.

Bonjean, dans sa Monographie de la Pomme de terre (1846), nous donne quelques détails sur la Frisolée. « Cette maladie, dit-il, assez fréquente dans la Grande-Bretagne, où on la connaît sous le nom de curl a fait parfois invasion dans quelques départements de la France, notamment dans les environs de Metz ; on la rencontre plus souvent encore en Allemagne, mais très rarement en Savoie. Le Dr Putsche assure que les plantes qui en sont attaquées paraissent souffrantes à l’extérieur. Les tiges sont lisses, d’une couleur brune tirant sur le vert, quelquefois bigarrées, souillées de taches couleur de rouille, qui pénètrent jusqu’à la moelle ; en sorte que celle-ci n’est point blanche, mais roussâtre et visant au noir. Le limbe des feuilles n’est point plan comme chez les individus en santé, mais rude, sec, ridé et crépu ; elles ne s’étalent pas au loin à l’entour des tiges, mais s’en rapprochent plus que de coutume, et leur développement n’est pas en rapport avec la longueur de leur pétiole. Il en résulte que la plante pâtit, se ride, jaunit prématurément à l’automne, et meurt au moment même où la végétation devrait être vigoureuse. Le petit nombre de tubercules que produisent ces plantes, mortes avant le temps, ont une saveur désagréable, parce qu’ils ne sont point mûrs, et sont impropres à l’alimentation de l’homme, parce que, après avoir été mangés, ils laissent dans la gorge une substance âcre qui en lèse les parois, propriétés communes à beaucoup de végétaux récoltés avant maturité. Plusieurs faits prouvent que certaines espèces de Pommes de terre sont plus exposées que d’autres à la Frisolée ; cette maladie fait moins de ravages dans les montagnes que dans les plaines et dans les bas-fonds. Elle est héréditaire, et ce n’est que par une bonne culture que l’influence en est paralysée à la quatrième ou cinquième génération. Le seul remède connu, c’est de renouveler l’espèce par des semis ou des importations de variétés nouvelles ».

Il semble, par suite, que la Frisolée serait une sorte de maladie organique, résultant peut-être de cultures dans des sols trop hu-