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SON INTRODUCTION EN FRANCE 197

chaque famille. Dans les commencements les habitants ne cessaient de se plaindre de cet ordre et suppliaient l’autorité de les dispenser d’y obéir ; entre autres griefs, ils prétendaient qu’on leur faisait perdre une année de revenu, en chargeant leur terre d’une récolte inutile. On tint bon ; peu à peu les préjugés tombèrent : la Pomme de terre devint une partie de la nourriture habituelle et passa de l’homme aux animaux. Aujourd’hui on regrette de ne pouvoir lui consacrer plus de terrain [Agriculture française) ».

» L’exemple se propagea. Aussi, dès 1813, M. de Saint-André écrivait-il dans sa Topographie de la Haute-Garonne : « Le genre de production qui y devient universellement une des premières ressources et dont le succès est certain, parce qu’il craint peu la rigueur des hivers, c’est la Pomme de terre, qui est d’une qualité bien supérieure à celle de notre climat. On a appris à préférer la Blanche à la Rouge, et l’on y a introduit celle qu’on nomme de Hollande, qui est plate, très blanche et très féculente, mais qui n’y paraît pas encore bien acclimatée. »

» Le département de Tarn-et-Garonne était aussi très avancé sous ce rapport, car Gatereau disait, en 1789, que « la Pomme de terre est cultivée dans les champs. » Témoignage que confirmait Baron, en 1823, écrivant : « Cette plante est très cultivée. » Au commencement de ce siècle, M. Depère y avait introduit la culture de ce tubercule dans le Canton de Mézin.

» En ce qui concerne les environs de Paris, je lis dans un Mémoire de Poiteau, de 1831 : « Dans ma jeunesse, il y a cinquante ans, on la méprisait encore, et peu de personnes osaient en manger. »

» Ces citations ne confirment-elles pas l’assertion émise par M. Pépin, au sein de la Société centrale d’Agriculture, qu’encore au commencement du siècle, la Pomme de terre était cultivée à Paris, surtout pour les animaux ? Et cependant, elle devait avoir alors de chauds partisans ; car, en 1793, Chaumette annonçait le projet de planter ce fécond tubercule sur toute la surface des jardins du Luxembourg. »

Nous pourrons ajouter qu’à la même époque, la Convention nationale ne dédaignait pas de s’occuper de prescrire la culture de la Pomme de terre, comme nous l’avons déjà vu, d’après M. Clos,