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SON INTRODUCTION EN FRANCE 195

sa volaille et ses cochons ; mais bientôt une foule de préjugés et de petits intérêts s’élevèrent contre cette révolution. En 1784, Clément Cendré renouvela en grand les essais. Aujourd’hui la culture de la Pomme de terre est connue dans tous les villages de la Gâtine. Il paraît qu’elle commença à s’établir dans la partie sud-ouest du Département des Deux-Sèvres, voisine de celui de la Charente, en 1775, par les soins du Comte de Broglie, et de là elle se répandit dans le pays Mellois ; mais elle n’occupait guère qu’un ou deux mètres carrés dans les jardins, lorsqu’en 1785 le citoyen Jard-Panvilliers y employa à peu près un hectare : l’abondante récolte qu’il obtint et dont il engraissa sa basse-cour et une quantité de cochons, donna l’éveil aux autres cultivateurs qui s’empressèrent de l’imiter. Ce fut surtout dans les années II et III de la République que la culture de la Pomme de terre s’étendit sensiblement. Le Dr Brisson, en 1784, l’introduisit dans le Canton de Coulange, Arrondissement de Niort, où cette plante était absolument inconnue : il en fournit de la semence à plusieurs métayers et bordiers… Cependant cette culture ne s’y fait toujours qu’en petit et reste dans un état languissant ».

» M. de Fayolle déclarait en 1809 que, dans la Dordogne, cette culture était inconnue à la majorité des cultivateurs avant 1785, ajoutant : « Maintenant chaque année on voit augmenter la portion destinée à cette culture ».

» Quant au Lot, on lit dans la Statistique de ce Département :

« La Pomme de terre n’a vaincu que depuis peu d’années tous les obstacles qui s’opposaient à sa culture, quoique dès l’année 1789, M. H. de Richeprey eût annoncé que ce tubercule était la seule production qui pût être une ressource certaine contre la famine. Encore en 1812, on connaissait à peine la Pomme de terre sur le sol calcaire, et si quelques particuliers l’y cultivaient, ce n’était que comme plante potagère. Mais on sentit bientôt combien il était avantageux de propager une plante qui n’est point attaquée par la grêle, par les brouillards, par les trop longues pluies, par les froids tardifs ».

» Dans le Gévaudan, disait M. Broussous, en 1809, l’adoption des prairies artificielles fut suivie de celle des Pommes de terre, qui y est devenue plus générale et n’y a point rencontré d’obstacles. À son tour, Prost écrivait en 1821 : « La Culture de la Pomme