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SON INTRODUCTION EN FRANCE 19l

» Le 19 Juin 1789. — J’accompagnai M. Broussonet pour aller dîner chez M. Parmentier, à l’Hôtel des Invalides. Il s’y trouvoit un Président du Parlement, M. Mailly, beau-frère du Chancelier, l’abbé Commerel, etc., etc. Je remarquai, il y a deux ans, que M. Parmentier étoit le meilleur homme du monde, et qu’indubitablement il entendoit tous les détails de la Boulangerie mieux que personne, comme ses ouvrages le démontrent clairement. Après dîner, nous allâmes à la Plaine des Sablons, pour voir les Pommes de terre de la Société[1] et les préparatifs qu’elle fait pour les Navets. À cela je dirai que je conseille à mes confrères de s’en tenir à leur Agriculture scientifique, et d’en laisser la pratique à ceux qui l’entendent. Quel malheur pour des Cultivateurs philosophes que Dieu ait créé du Chien-dent ! »

Mais après tous ces efforts pour encourager et propager la culture de la Pomme de terre, quels résultats était-on parvenu à obtenir à la fin du XVIIIe et au commencement du XIXe siècle. Nous trouvons, à ce sujet, des renseignements fort instructifs dans le Mémoire déjà cité de M. Clos : Quelques documents pour l’histoire de la Pomme de terre.

« L’importance de la Culture des Pommes de terre, dit M. Clos, paraît avoir été reconnue dans le Nord et le Nord-Est de la France, à l’époque où Parmentier cherchait à la démontrer : elle avait dû y acquérir une assez grande extension ; car : 1o en 1809, le curé Aubry déclarait qu’à dater de 1760, elle s’était considérablement augmentée dans les Ardennes, notamment dans le Canton de Bouillon, ajoutant qu’avant l’introduction de la Pomme de terre les Hautes-Ardennes étaient souvent exposées à des espèces de famine, fléau qu’on n’y connaît plus ; 2o elle était même exportée en Angleterre par le port de Dunkerque, si bien qu’en 1775 on crut devoir en défendre la sortie du Royaume, fait que j’emprunte au Mémoire déjà cité de M. Gourdon ; 3o de nombreux documents témoignent de l’étendue de cette culture dans nos Départements de Nord-Est ; au rapport de Parmentier, vers la fin du XVIIIe siècle, les Anabaptistes introduisirent sur les bords du Rhin, dans l’ancien Département du Mont-Tonnerre, la distillation en grand de la Pomme


  1. — Ce passage indique nullement que cette grande expérience de culture de la Pomme de terre se faisait avec le concours de la Société d’Agriculture.