Page:Roze - Histoire de la Pomme de terre, 1898.djvu/203

Cette page a été validée par deux contributeurs.

SON INTRODUCTION EN FRANCE 189


» Tels sont les avantages des travaux de M. Parmentier, et sur lesquels l’expérience qui vient d’être faite, ne saurait laisser de doute. On ne peut assez louer cet estimable citoyen de ses efforts persévérans pour étendre et perfectionner la culture des Pommes de terre. On lui doit encore de l’avoir introduite dans des Cantons d’où les préjugés et l’esprit de contradiction paraissaient l’avoir bannie pour toujours. Il ne s’est point contenté de publier des Traités, de donner des instructions particulières, il a déterminé plusieurs Sociétés savantes à décerner des Prix pour l’encouragement de cette culture. Il a sollicité par lettres, et de vive voix avec la chaleur d’un apôtre du bien public, une foule de Seigneurs Propriétaires de donner l’exemple, tant en faisant cultiver cette plante chez eux, qu’en ordonnant qu’on en servît sur leurs tables ; son zèle ingénieux lui a suggéré des ruses innocentes, des stratagèmes officieux pour inspirer à leurs vassaux le goût de cette nourriture. Ce sont ses soins sans relâche, ses exhortations non interrompues qui rendent aujourd’hui commune dans les marchés de Paris, cette denrée, espèce de Manne, comestible sain, capable de suppléer non seulement le Blé, mais même le pain, surtout commode pour les Pauvres, par la facilité de le cuire, et le peu d’apprêt qu’il demande. M. Parmentier mérite des témoignages de la reconnaissance publique.

» Les Pommes de terre plantées dans les 14 arpens de la Plaine de Grenelle, l’ont été vers le temps ordinaire, c’est à dire dans le courant de Mars. L’état de leur produit ne nous a pas été remis. Les 14 arpens de cette plaine étaient consacrés à multiplier les nouvelles espèces, pour les distribuer aux Comices agricoles, lors de leur première tenue, afin de propager la culture de ces plantes dans la Généralité de Paris.

» Ces nouvelles espèces jardinières sont au nombre de onze qui se sont soutenues pendant six années dans leur caractère spécifique, par là démontrées variétés constantes contre le sentiment de quelques Naturalistes qui ne voulaient les regarder que comme de simples variétés accidentelles[1] ».


  1. — Le mot espèces, dont on se sert dans tous ces mémoires, a pris aujourd’hui un sens plus précis. La Pomme de terre elle-même est un type spécifique, appelé Solanum tuberosum : toutes les sortes ou formes qu’on en obtient par la culture n’en constituent que des variétés, sinon des variations ou des races.