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188 HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

l’espèce blanche, pèse 18 livres ; le boisseau de Froment pèse 20 livres ; le setier de Froment pèse donc 240 livres, et celui de Pommes de terre 216 livres.

» Une bonne terre, ensemencée en Froment, rend par arpent six à sept setiers. Prenons sept setiers pour n’être point accusés de partialité. Un arpent de terrain aride, sablonneux, dont on ne peut faire aucun autre usage, rend 23 setiers 2/3 ; à 216 livres le setier, c’est 5,112 livres pesant.

» Il faut trois livres pesant de Pommes de terre pour équivaloir à une livre de Froment ; par conséquent, 5,112 livres de ces racines font l’effet de 1,714 livres de Froment : poids que, dans la supputation présente, nous regarderons comme égal à celui de 1,680 que donnent 7 setiers de Froment ; la différence de 1,714 à 1680 est trop petite pour mériter d’être marquée.

» Ainsi on tirera, dans certaines circonstances, sans grande dépense, d’un arpent du plus mauvais terrain, planté de Pommes de terre blanches, un produit égal, soit en argent, soit en nourriture, à celui qu’on tirerait à grands frais d’un arpent de bonne terre ensemencée en Froment.

» La quantité de Pommes de terre nécessaires pour planter un arpent de mauvais terrain, et la quantité qu’il faut de Froment pour ensemencer la même mesure de bonne terre, sont à peu près dans la même proportion avec la quantité de leur produit respectif.

» Mais les façons et les fumiers indispensables pour qu’un arpent de bonne terre rapporte 7 setiers de Froment, sont beaucoup plus chers que les façons qu’exige un arpent sablonneux pour fournir 23 setiers 2/3 de Pommes de terre[1].

» Il résulte encore de ce que la Pomme de terre peut être plantée très tard avec fruit, que dans une année qui s’annoncerait par une sécheresse, telle que celle de 1785, qui ferait craindre une disette de fourrage durant l’Hiver, on pourrait, en rassemblant tout ce que l’on trouverait encore de Pommes de terre vers la fin de Mai, et les plantant, se procurer un supplément abondant de subsistance pour les animaux.


  1. — Soit environ 37 hectolitres, ou 111 hectolitres à l’hectare (en poids, 8,880 kilogr.).