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SON INTRODUCTION EN FRANCE 185

d’avoir à point nommé les ouvriers, n’a été fini que le 25 du même mois. Deux chevaux tiraient la charrue ; quelques charretiers en avaient mis trois sans nécessité, seulement par l’habitude où ils sont de manœuvrer avec un semblable attelage.

» A mesure que chaque arpent était labouré, on y plantait les Pommes de terre, en sorte que les labours et la plantation ont été terminés en même temps.

» On n’a fait aucune autre préparation ; on n’a point employé d’engrais, excepté sur un seul arpent, sur lequel des boues de Paris ont été répandues, dans la vue de comparer son produit avec celui des autres arpens que l’on n’amendait point.

» La Grosse Pomme de terre blanche, tachée de points rouges à la surface et dans l’intérieur, commune dans les marchés de Paris, est celle qu’on a plantée dans la Plaine des Sablons ; la végétation vigoureuse de cette espèce, qui croîtrait dans du verre pilé, pourvu qu’il fût souvent arrosé, l’a fait préférer. On n’attendait point des autres espèces la même réussite, surtout des espèces rouges : celles-ci veulent, comme on l’a dit, un sol moins aride.

» Après la fleuraison de la plante, on l’a buttée avec la houe américaine : on n’a point eu besoin de sarcler le terrain ; il est si sec, que la seule verdure qu’il ait produite est le feuillage de la Pomme de terre.

» La récolte s’est faite à la fin d’Octobre, quoique la plante ait été privée de la sève de Mai, et mise en terre, les labours étant tout frais ; quoique la sécheresse ait régné longtemps, et qu’il soit ensuite survenu des froids constans, on a recueilli 621 sacs de Pommes de terre, de 16 boisseaux chaque, faisant 9.936 boisseaux ou 828 setiers, qui, divisés par 35, nombre des arpens plantés, donnent pour chacun, l’un dans l’autre, près de 23 setiers 2/3 ou 23 setiers 8 boisseaux[1].

» Ce produit n’est pas le produit total des 35 arpens. Il n’est point possible d’énoncer la quantité véritable à laquelle il s’est monté ; celui des 621 sacs doit être augmenté de ce que les maraudeurs ont enlevé furtivement dès le mois de Septembre et dans le courant


  1. — Environ 37 hectolitres par arpent, ou 111 hectolitres à l’hectare (en poids, 8,880 kilogr.). Les 828 setiers représentaient à peu près 1,292 hectolitres (en poids, 103,360 kilogr.).