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SON INTRODUCTION EN FRANCE 183

campagne des récoltes variées qui leur assurent une nourriture abondante, ainsi qu’à leurs bestiaux, s’est marquée l’année dernière, d’une manière signalée, par une expérience faite en grand sous ses auspices, dans la Plaine des Sablons et dans celle de Grenelle, concernant les Pommes de terre.

» La Société nous a nommés, MM. Thouin, Broussonet, Cadet de Vaux et moi, pour suivre cette expérience, et lui rapporter quels en ont été les procédés et les résultats.

» C’est à M. Parmentier, si connu pour les excellens ouvrages qu’il a publiés, et par ses travaux assidus sur le Froment, sur le Maïs, sur la panification et sur la Pomme de terre, que l’on doit l’idée et la conduite de l’expérience dont nous allons avoir l’honneur de rendre compte à la Compagnie.

» Jusqu’ici l’on avait cru que la Pomme de terre voulait un sol au moins de qualité médiocre, et qu’elle devait être plantée vers la fin de Février ou dans le commencement de Mars, époque où se font les semailles de l’Avoine, de l’Orge, des légumes farineux, en un mot, de ce qu’on appelle les Mars et Tremois. Les laboureurs ont tant d’occupations dans cette saison, que souvent, faute de temps, lorsque la pluie, la gelée, ou quelque accident les contrarient, ils sont obligés de laisser une partie de leurs champs sans l’employer. C’est leur rendre un fort grand service que de leur indiquer des cultures qui peuvent être commencées quand les autres travaux de la campagne sont déjà finis.

» Les essais et les observations de M. Parmentier l’ont convaincu que la Pomme de terre, du moins une certaine espèce qui précisément est la plus féconde, pouvait, avec succès, être plantée beaucoup plus tard qu’on ne le pensait. Il a de plus reconnu que le terrain le plus sec, pourvu qu’il fût de nature légère, convenait à cette même espèce, et que toutes les autres s’en accommodaient plus ou moins, excepté les espèces rouges qui demandent un sol médiocrement humide.

» La Pomme de terre est d’une grande fécondité. Un seul labour suffit pour préparer le terrain qui doit la recevoir ; un binage pour en butter la tige, cinq ou six semaines après sa plantation, est le plus grand travail qu’elle exige. Il faut seulement avoir soin de la tenir nette et dégagée des herbes inutiles ; elle fournit, comme on le sait, par ses racines tuberculeuses, un aliment sain, agréable au