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180 HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

d’être continuellement favorisés par la saison. Il est résulté de ces essais 520 boisseaux de Pommes de terre[1], sans compter les pieds que la cupide avarice ou la curiosité ont fait arracher. La totalité de la récolte a été donnée à la Société philanthropique ; cette première tentative n’ayant été, dans l’origine, qu’un essai, en quelque sorte préliminaire, il était important de la répéter plus en grand sur le même terrain ; ainsi au lieu de deux arpens, on en a pris trente-sept : la Pomme de terre, divisée par morceaux, a été jetée dans la raye derrière la charrue, à cinq pouces environ de profondeur, et à un pied de distance : on a laissé entre les rangées un espace suffisant pour permettre à la petite charrue américaine l’exécution des différens travaux de culture, et démontrer à la fois ce qu’on peut épargner de soins, de temps et de frais par cette méthode, tandis que le produit, destiné à être distribué aux pauvres des campagnes de la Généralité de Paris, concourra à inspirer au peuple du goût pour un aliment si propre à sa constitution et à ses facultés.

» Mais il ne suffisait pas de prouver par un fait incontestable que le sol le plus aride était en état de rapporter des Pommes de terre, et que cette plante pouvait être encore employée, avec grand profit après l’ensemencement de Mars, pour suppléer aux fourrages dans les années où l’on était menacé d’une disette prochaine, il fallait multiplier les meilleures espèces, en créer même de nouvelles, rajeunir par les semis celles qui sont abâtardies, et présenter les moyens certains d’empêcher partout leur dégénération. Dix sept arpens dans la Plaine de Grenelle vont encore remplir cet objet d’utilité, et la récolte que M. l’Intendant a promise à sa Généralité, substituera bientôt aux mauvaises Pommes de terre qui existent dans nos marchés, les meilleures qualités ; il n’y a plus même un coin dans le Royaume où la Société n’ait mis ses correspondans à portée de procurer cet avantage inestimable aux Cantons qu’ils habitent.

» Voilà donc cinquante-quatre arpens de terrain dont les noms seuls caractérisent la stérilité, et qui, de mémoire d’homme, n’ont rapporté aucune production, consacrés aujourd’hui à donner une


  1. — Soit environ 67 hectolitres, ce qui ne représentait qu’un peu plus de 100 hectolitres à l’hectare (en poids, 8,000 kilogr. environ).