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SON INTRODUCTION EN FRANCE 177

tent dès les premiers jours de Septembre, on ne doit pas s’attendre à jouir constamment de pareils avantages.

» Le deuxième Mémoire de M. de Chancey a pour objet les différentes manières dont les Pommes de terre se reproduisent. On sait que cette plante est du nombre de celles à qui la nature a accordé la faculté de se régénérer, en les divisant ; c’est aussi ce qui a fait donner à la Pomme de terre le nom de Polype végétal ; on la multiplie ainsi au moyen des yeux, des germes, de la bouture et du semis : cette dernière méthode est sans contredit la plus intéressante, puisqu’à l’avantage de rajeunir l’espèce lorsque le germe est fatigué, elle joint celui de donner des espèces nouvelles qui, appartenant à notre sol et à notre climat, seront susceptibles de s’abâtardir. La voie des semis a souvent été tentée par des cultivateurs distingués, mais sans aucun but particulier ; ils ne l’ont même jamais bien suivie, sous prétexte qu’elle était longue, coûteuse et difficile pour la production ; cependant M. de Chancey a obtenu, au moyen de ses semis, des Pommes de terre de l’espèce Grosse-blanche qui pesaient jusqu’à 21 onces[1] et des Rouges-longues, de 4 à 5 onces[2]. M. Hell qui a fait les mêmes expériences en Alsace, et M. de Ladebat, en Guyenne, en ont également récolté beaucoup d’un égal volume ; ils ont remarqué que les pieds transplantés donnaient généralement plus de bulbes que ceux qui ne l’avaient pas été. Les Cultivateurs qui se plaignaient de la dégénération des Pommes de terre n’ont désormais qu’à recourir au semis s’ils veulent avoir des plantes plus vigoureuses, des tubercules plus gros, plus nombreux, plus sains et de meilleur goût que ceux qu’on a ordinairement. Il n’est plus maintenant de Canton, si petit qu’il soit, dans le Royaume, où je n’aie envoyé de la graine au moins par la voie du Courrier.

» L’examen des différentes espèces de Pommes de terre est aussi entré dans le plan du travail de M. de Chancey. Quelques auteurs les avaient fait monter à plus de soixante ; mais il est facile de juger qu’ils ont compté dans ce nombre beaucoup de variétés. Les onze espèces de Pommes de terre que je me suis procurées de l’Amérique, la première patrie de cette plante, et dont je dis-

  1. — Un peu plus de 640 grammes.
  2. — De 122 à 153 grammes.