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SON INTRODUCTION EN FRANCE 175

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Chancey passe à l’examen de plusieurs questions relatives à la culture des Pommes de terre considérées sous tous les rapports. Faut-il planter ces racines par œilletons, par morceaux ou entières ? Doit-on préférer les grosses aux moyennes, et celles-ci aux petites ? La méthode de les cultiver doit-elle varier à raison des espèces et du sol ? C’est encore l’expérience qui répond à toutes ces questions. Quelques auteurs ont prescrit de mettre jusqu’à trois Pommes de terre dans chaque trou ; d’autres conseillent d’y mettre simplement l’œil détaché de la racine ; d’autres sans pulpe. Dans le premier cas, on employe en pure perte beaucoup de racines ; dans le second, au contraire, on court le risque d’avoir de chétives récoltes. M. de Chancey a entrepris, en 1784, une suite d’expériences qui confirment, comme je l’avais déjà annoncé, qu’il était avantageux de partager les espèces de Pommes de terre longues, et moins les rondes, surtout lorsqu’il y a lieu de craindre les ravages du Ver du Hanneton. Malheur alors à ceux qui n’ont planté que des morceaux pourvus seulement d’un œil : la plupart des pieds manquent, et ceux qui échappent au fléau destructeur dont nous venons de parler, ne produisent pas abondamment. Quant à l’espèce de culture à suivre, il existe plusieurs méthodes dont la bonté est déjà constatée par des expériences décisives ; mais ces méthodes varient entre elles ; dans les terres légères et sablonneuses, un simple labour suffit. Il faut défoncer celles qui sont argileuses ; mais quelle que soit la méthode adaptée à la nature du sol, pourvu que la terre soit rendue aussi meuble qu’il est possible avant d’y déposer la plante et tout le temps de son accroissement, le rapport sera toujours proportionné au travail.

» On s’est trompé en croyant qu’en coupant la tige et les feuilles de Pommes de terre un peu tard, et avant que le froid ou la maturité ne les flétrisse, on risquait de nuire au produit des tubercules, et que ces feuilles données pour nourriture aux vaches, faisait tarir leur lait. Mes expériences ont prouvé qu’une pareille assertion était sans fondement. M. de Chancey est du même avis, puisqu’il insiste sur l’avantage de les donner en fourrage au bétail ; mais les tentatives qu’il a faites pour les réserver pour l’hiver et les conserver saines, ont été sans succès, soit qu’il ait voulu enlever à ce fourrage son humidité qui est très considérable, soit qu’il les ait mises à macérer dans l’eau comme on le pratique pour les feuilles