Page:Roze - Histoire de la Pomme de terre, 1898.djvu/187

Cette page a été validée par deux contributeurs.
SON INTRODUCTION EN FRANCE 173

empressé d’envoyer la Pomme de terre ronde blanche de New-York, et la rouge ronde de l’Ile Longue.

» Une circonstance que je ne saurais oublier ici, parce qu’elle sert à prouver de plus en plus combien les Pommes de terre ont de force végétative, c’est que, quoique soigneusement encaissées, elles ont végété pendant leur trajet, et n’ont plus offert à leur arrivée qu’une masse composée de germes entrelacés, en partie desséchés ou pourris ; mises en terre dans cet état avarié, elles se sont développées à merveille ; frappées avant la fleuraison par une grêle énorme qui a haché la totalité du feuillage, leur végétation n’a été suspendue qu’un moment ; bientôt elles ont repris leur première vigueur, et ont donné une abondante récolte. M, l’Intendant a désiré que le produit qui en est résulté, fût destiné à couvrir plusieurs arpents de terre dans les environs de Paris, afin de présenter un grand exemple aux habitans de la Capitale, et de pouvoir en enrichir sa Généralité ; sans doute que, de proche en proche, ces deux espèces qui joignent l’abondance à la qualité, se répandront dans toutes les autres Provinces du Royaume : puissent-elles, comme en Irlande et en Amérique, ajouter à la force de l’Agriculture, devenir pour ceux dont la subsistance dépend de récoltes incertaines, un heureux supplément, et écarter pour jamais de nos foyers, le fléau de la disette ! »

Ce mémoire est tout à l’honneur de Parmentier, et est certainement instructif à plusieurs points de vue. La culture des Pommes de terre par semis n’était pas une idée tout à fait nouvelle : elle avait eu des promoteurs, comme il le reconnaît lui-même. Mais cette idée, il sait la faire sienne, il réussit à faire valoir tous ses avantages, à signaler ses inconvénients. On ne peut que reconnaître la justesse de son opinion au sujet de la nécessité de la régénérescence par l’emploi de la graine. Puis, cette pensée d’une dégénération de la Pomme de terre au moment même où il s’efforçait d’en préconiser la culture et la consommation, ne devait-elle pas l’inciter à trouver tous les moyens possibles pour la combattre, et prévenir par là un nouvel argument que lui auraient opposé les ennemis de la Pomme de terre, qui alors étaient encore fort nombreux ?

M. de Chancey, l’un des correspondants de la Société d’Agriculture, résidant à Saint-Didier, au mont d’Or, près de Lyon, avait