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HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

XVIe siècle le nom scientifique de Solanum tuberosum que lui a conservé Linné dans sa réforme générale de la nomenclature.

Bien que la Pomme de terre fût suffisamment connue au XVIIe siècle pour ses qualités alimentaires, sa culture fut loin de prendre une grande extension. En France, ce ne fut guère même que vers la fin du XVIIIe siècle qu’on commença, grâce aux efforts persévérants de Parmentier, à l’apprécier à sa juste valeur. En Angleterre, cependant, elle rendait déjà de très grands services, et lorsqu’on était arrivé, par des soins culturaux assidus, à obtenir de la Pomme de terre des variétés plus productives, plus avantageuses à divers titres, on fut conduit à se demander si, par des apports nouveaux de la plante recueillie dans son pays d’origine à l’état sauvage, on ne parviendrait point à découvrir de meilleures variétés que celles que l’on possédait. Plus récemment, et lorsqu’à la suite de ces apports mêmes un fléau inattendu a failli presque anéantir, en 1845, toutes les espérances des immenses récoltes qui se faisaient alors de la précieuse Solanée, on en vint aussi à désirer retrouver, dans son type sauvage, le moyen de se mettre à l’abri des atteintes de cette redoutable maladie.

On savait, en Angleterre, que le Solanum tuberosum y avait été introduit par des tubercules apportés de la Virginie. Était-ce bien là son pays de véritable origine ? On ne devait pas, en effet, tarder à reconnaître que la Pomme de terre ne se trouvait actuellement, dans cette région de l’Amérique du Nord, que dans les endroits mêmes où on la cultivait. Les anciens indigènes ne la connaissaient pas : elle devait donc y avoir été importée et n’y croissait pas spontanément. « Le Dr Roulin, qui a beaucoup étudié les ouvrages concernant l’Amérique septentrionale, dit A. de Candolle[1], m’affirmait jadis qu’il n’avait trouvé aucune indication de la Pomme de terre aux États-Unis avant l’arrivée des Européens. Le Dr Asa Gray me le disait aussi, en ajoutant que M. Harris, un des hommes les plus versés dans la connaissance de la langue et des usages des tribus du Nord de l’Amérique, avait la même opinion. Je n’ai rien lu de contraire dans les publications récentes, et il ne faut pas oublier qu’une plante aussi facile à cultiver se serait répandue, même chez des peuples nomades, s’ils l’avaient


  1. — Origine des plantes cultivées (1 83).