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SON INTRODUCTION EN FRANCE 165

la bêche, une autre avec la petite charrue, nommée le Cultivateur américain. Dans la première partie, les morceaux de Pommes de terre furent distribués deux à deux dans des trous de 5 à 6 pouces de profondeur, disposés en quinconce, éloignés entre eux d’environ 18 pouces. Dans l’autre partie, les tubercules de Pommes de terre furent plantés derrière la charrue, dans des sillons tracés à trois pieds de distance les uns des autres, et recouverts ensuite par la charrue, avec la terre du sillon voisin. Ces deux plantations furent garnies de fumier consommé. M. Dussieux n’a point remarqué de différence dans le produit de ces deux manières de planter les Pommes de terre, si ce n’est que celle qui avait été faite à la bêche a fourni un plus grand nombre de tubercules ; ceux qu’on a tirés des sillons étaient beaucoup plus gros, et le poids de chaque récolte était égal à peu de chose près. Enfin le produit de cette culture a été de 85 setiers[1] de Pommes de terre belles et saines, qui ont servi de nourriture aux hommes, aux bestiaux et aux volailles, sans comprendre la coupe des fanes de la plante qui a été faite après sa fleuraison, et qui a procuré un fourrage vert, aussi abondant que profitable aux bestiaux. M. Dussieux évalue les frais de la culture d’un arpent de Pommes de terre, cultivé par la charrue américaine, à 54 livres 14 sols, et il croit que le produit doit être ordinairement de 70 à 75 setiers de tubercules[2] ; enfin il est convaincu qu’un arpent de terre employé à la culture de cette plante équivaut à six arpents semés en avoine, et qu’il suffit à l’attelage d’une charrue, c’est-à-dire de trois chevaux La seule chose dont M. Dussieux se glorifie avec raison, c’est d’avoir introduit le premier dans son canton, des cultures qui non seulement n’y étaient pas pratiquées, mais même contre lesquelles les habitans étaient prévenus, et pour lesquelles ils avaient une forte répugnance, surtout pour celle des Pommes de terre. Il est parvenu à donner aux habitans de son voisinage une opinion avantageuse de cette culture et à la leur faire mettre en pratique ».

Dans la séance publique du 30 mars 1786, lecture a été donnée par son auteur du Mémoire suivant :


  1. — Environ 133 hectolitres.
  2. — L’arpent de Paris correspondait à un tiers environ de l’hectare, 70 setiers à 109 hectolitres et 75 setiers à 117 hectolitres, ce qui représentait au plus 350 hectolitres à l’hectare (en poids, environ 28.000 kilogr.)