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SON INTRODUCTION EN FRANCE 163

1771, un avis de la Faculté de médecine, propre à rassurer les esprits[1] ».

D’un autre côté, Parmentier devait peu à peu réussir à se faire bien venir des Conseillers du Roi, et surtout à s’attirer la faveur et les bonnes grâces de Louis XVI, qui s’était presque laissé convertir aux idées humanitaires du Propagateur de la Pomme de terre.

Cuvier dit, en effet, dans son Éloge de Parmentier : « Il aurait voulu que le Roi, comme on le rapporte des Empereurs de la Chine, eût tracé le premier sillon de son champ : il en obtint du moins de porter, en pleine Cour, dans un jour de fête solennelle, un bouquet de fleurs de Pommes de terre à la boutonnière, et il n’en fallut pas davantage pour engager plusieurs grands seigneurs à en faire planter ».

Et Cuvier ajoute que Parmentier avait découvert un moyen nouveau de faire la propagande en faveur du précieux tubercule : « Il n’est pas jusqu’à l’art de la cuisine raffinée que M. Parmentier voulut aussi contraindre à venir au secours des pauvres, en s’exerçant sur la Pomme de terre ; car il prévoyait bien que les pauvres n’auraient partout des Pommes de terre en abondance que lorsque les riches sauraient qu’elles peuvent aussi leur fournir des mets agréables. Il assurait avoir donné un jour un dîner entièrement composé de Pommes de terre, à vingt sauces différentes, où l’appétit se soutint à tous les services ».

Un autre de ses biographes, Silvestre, représentait aussi Parmentier « comme un homme que le Roi avait honoré de ses bontés particulières, auquel il destinait le Cordon de St-Michel, et dont il voulait lire les ouvrages de préférence à tous autres ».

Cuvier raconte également « qu’à une certaine époque de la Révolution, l’on proposait de porter M. Parmentier à quelque place municipale ; un des votants s’y opposait avec fureur : « Il ne nous fera manger que des Pommes de terre, disait-il, c’est lui qui les a inventées ! »

L’histoire de la Pomme de terre est si peu connue en France, que nombreuses sont les personnes qui partagent encore cette dernière croyance.


  1. — Nous avons fait connaître plus haut ce qui avait motivé cette consultation médicale.